Manaudou à plumes: la nage chez les oiseaux

Comprendre

Dans cet article, intéressons-nous à la nage chez les oiseaux et nous allons voir qu’il n’y a pas que les canards qui se débrouillent bien dans l’eau !

Grâce à leur faible densité corporelle, tous les oiseaux sont, en théorie, capable de nager. Où tout du moins, ils peuvent aller dans l’eau et en ressortir sans dommages physiologiques. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils sont tous capables d’évoluer dans l’eau. La grande majorité des rapaces par exemple, ne sont absolument pas aptes à la nage et se retrouvent souvent en mauvaise posture s’ils tombent dans une eau profonde. D’autres oiseaux en revanche sont beaucoup plus à l’aise dans l’eau. Nous allons les étudier d’un peu plus près dans cet article via quelques exemples. Nous commencerons par les passereaux, puis nous poursuivrons avec les nageurs moyens pour finir par les excellents plongeurs.

Chez les passereaux

Les petits oiseaux aiment la proximité de points d’eau, pour s’hydrater mais également pour se nettoyer. Ils ne vont pas immerger leur corps en entier, ce qui mettrait à mal leur plumage, mais juste se mouiller de façon superficielle. L’eau est donc ici utilisé non comme un milieu de vie qui abrite des ressources alimentaires mais uniquement comme un complément à l’activité de toilettage.

Une exception notable, chez les passereaux : le Cincle plongeur. Qui, lui, comme son nom l’indique, est capable de plonger dans les cours d’eau rapides près desquelles il vit. Non seulement il plonge mais il peut s’agripper aux cailloux du fond de la rivière et marcher sous l’eau. Ainsi, il peut chercher des larves d’insectes ou de petits poissons à se mettre sous le bec. Une jolie adaptation au milieu !

En bonus : quelques images magnifiques du Cincle, tiré du documentaire « Le plus beau pays du monde ».

Les nageurs moyens

Les premiers qui nous viennent à l’esprit: les canards ! Ces oiseaux se sont eux aussi bien adaptés au milieu aquatique. Il faut dire qu’il présente certains avantages: quand vous êtes au milieu d’un étang, le renard est bien embêté pour venir vous croquer…Leur plumage est particulièrement efficace: le grand nombre de plumes sur le ventre permet une isolation thermique intéressante et une bonne imperméabilité. Ne dit-on pas  » glisser comme de l’eau sur les plumes d’un canard  » ?

Les canards dits « de surface », comme le Canard colvert, ont une ligne de flottaison assez haute, ils ne peuvent plonger un long moment. Ils se contentent de faire une sorte de « culbute », tête sous l’eau et croupion en l’air. (Note: les canetons, eux, sont capables de plonger quelques instants.)

Le corps des canards de surface est large, cela leur confère une certaine stabilité dans l’eau. Autre adaptation anatomique de ces oiseaux : les pattes palmées. Les canards de surface utilisent pour se déplacer dans l’eau leurs pattes alternativement. Lorsqu’ils poussent le pied en arrière, les doigts sont très écartés pour augmenter la poussée et lorsqu’ils le ramènent vers l’avant, les doigts sont resserrés pour minimiser la résistance.

S’ils sont bien adaptés à la vie sur l’eau, les canards de surface ont un vol très efficace qui leur permet d’effectuer de longues migrations.

Les excellents plongeurs

Intéressons-nous à d’autres canards: les canards plongeurs, comme le Fuligule morillon. La ligne de flottaison de ces oiseaux est beaucoup plus basse que celle des canards de surface. Ils présentent une densité corporelle plus importante, afin de faciliter la plongée. Les pattes, palmées elles aussi, sont situées plus vers l’arrière du corps. En plongée, les pieds poussent vers l’arrière et non alternativement.

Afin d’améliorer leur densité, juste avant la plongée, les canards plongeurs plaquent leurs plumes contre leur corps: cela permet d’évacuer l’air présent entre les plumes. Ils peuvent ainsi rester sous l’eau entre 10 et 20 secondes, le temps d’aller chercher de quoi se sustenter (mollusques, insectes aquatiques…).

Dans la vidéo ci-dessous, on voit très nettement comme les fuligules morillons sont capables de plonger entièrement le corps dans l’eau et d’y évoluer pour se nourrir quand les canards colverts y sont bien moins à l’aise. Avec leur cou démesuré, les cygnes n’ont, quant à eux, aucune difficulté à atteindre le fond de l’eau !

Les champions olympiques

Présents dans le top du top des oiseaux plongeurs: les manchots. Il s’agit des oiseaux les mieux adaptés au milieu aquatique. Quelques adaptations physiologiques essentielles les différencient des autres oiseaux : réduction du rythme cardiaque, diminution du flux sanguin qui n’irrigue que les organes vitaux, hémoglobine modifiée et stockage de l’oxygène dans les muscles via la myoglobine plus important.

D’un point de vue anatomique maintenant :

    • Leurs ailes, en forme de pagaie, sont à la fois souples et résistantes. Elles sont réduites à des sortes de nageoires dépourvues de plumes de vol.
    • Les ailes ne s’articulent qu’au niveau de l’épaule : poignets et coudes sont bloqués.
    • Ils ont une densité corporelle très élevée. Leur squelette est bien plus lourd comparativement aux autres oiseaux. Les apophyses uncinées des côtes sont grandes et protègent ainsi le thorax de la pression de l’eau.
    • Les os de la ceinture pectorale, en particulier les coracoïdes, sont très développés, pour se mouvoir dans un milieu beaucoup plus dense que l’air.
    • Les pattes palmées, servent de gouvernail dans l’eau. La propulsion est assurée par les ailes.
    • Leur corps présente la forme d’une torpille.

Pas étonnant qu’avec toutes ces adaptations, les manchots soient capables de plonger plusieurs centaines de mètres ! (Record: -535m!)

La vidéo ci-dessous présente des images épatantes de la nage du Manchot empereur, qui, bien qu’à l’allure pataude sur terre, se révèle fort adroit dans l’eau ! On peut également y constater sa technique étonnante pour bondir hors de l’eau, un saut tout en puissance.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :