Parce qu’on ne peut protéger que ce que l’on connaît, des programmes scientifiques sont indispensables pour étudier les oiseaux. Qu’ils reposent sur l’observation, l’écoute des chants ou sur le comptage d’espèces spécifiques, ces protocoles ont pour objectif l’amélioration des connaissances naturalistes sur les oiseaux, à différentes périodes de leur cycle de vie. Et bonne nouvelle : vous pouvez y participer !
Le STOC ou Suivi Temporel des Oiseaux Communs
Coordonné par le Muséum, la LPO et l’OFB, le Suivi Temporel des Oiseaux Communs fait partie des plus anciens des suivis participatifs des oiseaux communs en France. Après plus de 30 ans d’existence, il représente un outil majeur pour la connaissance des oiseaux.
Le STOC a pour objectif d’évaluer les variations spatiales et temporelles de l’abondance des populations nicheuses d’oiseaux communs. Les données obtenues par ces suivis protocolés et les tendances qui en découlent doivent permettre d’estimer le risque de disparition de ces oiseaux, d’alerter l’opinion publique et d’orienter les politiques de gestion et de conservation.
Pour participer au suivi, l’observateur doit être capable d’identifier les oiseaux à la vue et à l’oreille. A chaque point d’écoute dans un carré de prospection de 2km de côté, l’observateur doit noter, pendant une durée de 5 minutes, toutes les espèces vues et/ou entendues, ainsi que le nombre d’individus, dans 4 classes de distances : moins de 25 mètres, entre 25 et 100 mètres, entre 100 et 200 mètres, plus de 200 mètres, ainsi que les oiseaux en transit.
Une fiche d’observation fournie permet de noter facilement tous les contacts.
Le STOC est un suivi annuel durant lequel chaque observateur effectue 3 passages sur son ou ses carrés pendant la période de reproduction.
Le SHOC ou Suivi Hivernal des Oiseaux Communs
Si le STOC s’intéresse aux oiseaux nicheurs, le SHOC est un programme de suivi annuel hivernal. Il doit permettre de suivre l’évolution des populations d’oiseaux communs hivernants.
En effet, de nombreux oiseaux migrateurs rejoignent nos latitudes en prévision de la mauvaise saison et cohabitent avec « nos » populations d’oiseaux sédentaires. Or, l’écologie de ces oiseaux hivernants au sein de nos territoires est mal connue, notamment dans leur utilisation de nos habitats. Il est particulièrement important d’étudier les variations annuelles et spatiales de l’abondance relative des espèces communes d’oiseaux durant l’hiver car les conditions météorologiques, et donc la survie des individus, vont directement influencer le succès de reproduction de l’année suivante.
A l’image du STOC, l’observateur doit être capable d’identifier les oiseaux à la vue et à l’oreille pour prendre part au suivi. Le maillage est identique à celui du STOC, ce qui rend les deux suivis complémentaires.
Chaque carré de prospection est suivi deux fois au cours de l’hiver L’observateur marche le long des 10 transects positionnés sur le carré. Comme lors d’un STOC, il note l’abondance des espèces d’oiseaux qu’il détecte à la vue ou au cri, la distance à laquelle elles se trouvent (classe 0-25m/25-100m/100-200m/>200m) ainsi que la caractérisation de l’habitat, en suivant la typologie fournie.
A découvrir : le bilan 2019 du suivi des oiseaux communs en France grâce au STOC et au SHOC
Le comptage Wetlands : le recensement des Oiseaux d’Eau
Réalisé chaque année à la mi-janvier, le comptage Wetlands rassemble des volontaires du monde entier pour compter les oiseaux d’eau afin de déterminer la tendance de leurs populations et obtenir un état de santé des zones humides de la planète.
Organisé par Wetlands International, le comptage Wetlands concerne 180 pays de 5 grandes régions : Asie-Pacifique, Afrique-Eurasie, Caraïbes, Amérique-centrale et Néotropiques. Quelques chiffres sur ce suivi hors-normes : plus de 150 000 bénévoles, 1,5 milliards d’oiseaux d’eau comptabilisés, appartenant à 870 espèces recensées dans les 50 000 zones humides !
En France, plus de 500 sites sont suivis, par près de 200 organismes et associations. Les données issues de ces comptages à grande échelle permettre de suivre d’année en année la taille et la répartition des populations d’oiseaux d’eau en France et d’en déterminer les tendances. Ces indicateurs sont indispensables pour ajuster les statuts de conservation des espèces et de désigner les sites naturels à protéger en priorité.
Envie de participer ? Ce comptage international est ouvert aux ornithologues amateurs capables d’identifier à la vue les espèces d’oiseaux d’eau. La LPO étant le coordinateur national de ce programme, il suffit de contacter votre antenne LPO locale pour être mis en contact avec la structure référente de votre zone géographique.
A découvrir : la dernière synthèse issue du comptage Wetlands 2025
Le suivi de la migration
Nous avons la chance de nous trouver sur deux voies migratoires majeures, à l’est et à l’ouest (pour simplifier!). Deux fois par an, avant et après la reproduction, des centaines d’espèces parcourent nos paysages pour rejoindre leurs zones d’hivernage et de nidification. Et durant ces deux mouvements migratoires clés, des observateurs se rassemblent en des points de passage stratégiques afin d’observer et de compter les oiseaux.
Objectif : en savoir plus sur la phénologie migratoire des espèces au moyen d’un protocole d’observation répété d’année en année. L’évolution de cette donnée permet de mieux comprendre les effets de phénomènes tels que le changement climatique sur l’avifaune. Sur un plus long terme, ces suivis permettent de déterminer des tendances démographiques des populations d’oiseaux et d’évaluer l’état de santé des migrateurs.
Le suivi de la migration des oiseaux par observation directe est réalisé chaque année depuis plus de cinquante ans pour certains sites. Les observateurs, bien souvent bénévoles, contribuent à la collecte et la saisie des données, à la sensibilisation de visiteurs et se forment à l’identification et au suivi de la migration. De nombreux sites accueillent chaque année des écovolontaires : n’hésitez pas à vous rapprocher d’une structure coordinatrice de suivis pour y participer !
Pour en savoir plus sur le suivi de la migration des oiseaux, retrouvez l’article « Ornithologue, qui es-tu ? La migration«
L’observatoire participatif « Oiseaux des jardins »
Quels sont les meilleurs observateurs des oiseaux des jardins, aptes à apporter aux scientifiques de nombreuses données ? Les humains vivant à proximité ! Grâce aux données issues du programme de sciences participatives « Oiseaux des jardins », coordonné par la La LPO et le Muséum national d’Histoire naturelle, les scientifiques peuvent mieux comprendre quand et pourquoi les oiseaux visitent les jardins dans l’année : observe-t-on les mêmes dynamiques au printemps et en hiver ? Les nichoirs et les mangeoires influencent-ils la fréquentation des jardins ? Les tendances observées dans les jardins urbains sont-elles différentes de celles observées dans les jardins des zones rurales ?
Fin 2023, soit 10 ans après les débuts de l’Observatoire des oiseaux des jardins, ce sont pas moins de 4,5 millions de données qui avaient été collectées ! Des tendances fiables ont ainsi été obtenues pour une trentaine d’espèces d’oiseaux communs visitant les jardins. Un bilan complet (et passionnant) a été édité, n’hésitez pas à le consulter !
A découvrir : le bilan issu de 10 ans de suivi dans le cadre de l’Observatoire des oiseaux des jardins
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Sources et recommandations :
- Image à la Une : Łukasz Rawa
- Crédits photographiques (dans l’ordre d’utilisation) : Simone Roeder, Job Savelsberg, Vincent van Zalinge, Andrey Strizhkov
- Sites web : Atlas des Oiseaux de France, Oiseaux des jardins, Wetlands International