À table! Les oiseaux et la nourriture – Partie 2

Comprendre

Après une première partie où nous avions évoqué les adaptations morphologiques, les rythmes et les techniques d’alimentation, intéressons-nous de nouveau à la nourriture chez les oiseaux. Nous verrons dans un premier temps l’alimentation végétale puis, dans un second temps, les proies animales.

« Ouéééé! j’ai-hâte-j’ai-hâte ! »

L’alimentation d’origine végétale

De manière générale, peu d’espèces d’oiseaux, sur l’ensemble des espèces d’oiseaux existant, sont exclusivement végétariens. Les oiseaux ont besoin d’un apport de nourriture riche en énergie. Or, se nourrir et surtout digérer des parties vertes des plantes est un processus très lent. Il faut en manger de grandes quantités pour arriver à un niveau d’énergie suffisant car elles ont une faible valeur nutritive.

De plus, les oiseaux sont eux-mêmes des proies dans leur milieu naturel, ils ne peuvent consacrer des journées entières uniquement à se nourrir. Si vous ajoutez à cela les danses nuptiales, la fabrication du nid et l’élevage des jeunes en période de reproduction…Leur planning quotidien est très chargé ! Ils ont donc besoin d’efficacité en terme d’absorption d’énergie. Enfin, manger de grandes quantités de nourriture, même s’il s’agit de feuillage, alourdirait le poids de l’oiseau alors qu’ils ont besoin d’être légers pour le vol. C’est pour toutes ces raisons qu’ils dédaignent plus souvent les parties vertes des plantes.

  • Les parties vertes des plantes

Il existe quelques espèces d’oiseaux qui se nourrissent des parties vertes des végétaux : les oies. Ce sont des oiseaux brouteurs grâce à la mandibule inférieure de leur bec qui présente des rebords dentelés qui leur permettent de couper les tiges. Ainsi, la Bernache cravant a un bec très court lui permettant de se nourrir de plantes rases, sans les arracher de leur support. De même, l’Oie des neiges, elle, présente un bec massif afin de déterrer les rhizomes dans un sol partiellement gelé. L’Oie cygnoïde, une oie asiatique, a un bec plus long que ses cousines afin de couper les herbes hautes.

Les oies, mais également leurs cousines les Ouettes (Ouette de Magellan, Ouette des Andes, Ouette à tête grise) ont donc les outils anatomiques pour se nourrir des parties vertes des plantes. Néanmoins, elles ne digèrent moins de 30% de la cellulose, correspondant à 31% de leurs besoins énergétiques. Elles vont donc compléter ce régime par des graines et des baies.

L’oiseau végétarien le plus strict semble être l’Hoazin huppé, oiseau d’Amérique du Sud qui se nourrit en grande partie de feuilles d’arums qu’il doit consommé en grande quantité. Il possède d’ailleurs le plus gros jabot de tous les oiseaux (représentant 13% de son poids !), qui est pour lui un organe de broyage et de digestion.

  • Les fruits

Il s’agit de l’aliment végétal le plus commun : ils sont plus légers et riches en énergie qu’une grande quantité de parties vertes. Les oiseaux qui les consomment de manière quasi-exclusive sont dits « frugivores ». Dans les régions tropicales, les fruits sont présents en abondance et disponibles toute l’année. Les oiseaux frugivores y sont très nombreux : touracos, toucans, barbus, cotingas (dont fait partie le célèbre Coq-de-roche orange)… Dans les régions nordiques, le Jaseur boréal se nourrit exclusivement de fruits et de baies en automne. De même, bouvreuil pivoine, grive litorne, merle noir et fauvette, qui font partie de notre avifaune « locale », sont friands de baies, notamment en automne. Le Guaracho des cavernes se nourrit lui, de fruits mûrs qu’il part chercher la nuit. Plus étonnant encore : il existe un rapace végétarien ! Ainsi, le Palmiste africain se nourrit en effet de la chair grasse du fruit du palmier à huile.

En se nourrissant de fruits ou de baies, les oiseaux contribuent à la dispersion des plantes concernées. Certaines graines ne peuvent germer qu’après être passées par le tube digestif d’un oiseau : les sucs digestifs permettent de ramollir l’enveloppe de la graine.

  • Plantes à fleurs : graines, pollen et nectar

Les graines ont une forte teneur en éléments nutritifs et peuvent être disponibles en hiver. Des oiseaux insectivores peuvent donc modifier leur régime alimentaire et consommer davantage de graines lors de la mauvaise saison. Les graines étant particulièrement dures, les becs et les appareils digestifs des oiseaux granivores se sont modifiés au fil de l’évolution. Avec leurs becs forts, les perroquets sont capables de briser les graines les plus dures.

Des oiseaux très spécialisés se nourrissent de pollen et de nectar, dans les régions tropicales : les colibris, les souimangas, les méliphages. Les colibris présentent une langue très longue, dont le bout est divisé en deux petits tubes. Cette disposition anatomique leur permet d’aspirer le nectar, non par par capillarité, mais par un mouvement de pompe leur permettant de donner une vingtaine d’à-coups par seconde !

A voir absolument, cette vidéo en slow-motion (Tirée de l’article « Les colibris ont une langue ultra-rapide, même en slow-motion« ) de colibris se nourrissant, dans le cadre d’une étude scientifique.

Chez les oiseaux buveurs de nectar, la nourriture est très vite assimilée : 7 min seulement ! Le nectar passe en effet directement dans l’intestin. Les colibris doivent donc compléter leur alimentation avec des protéines, notamment des insectes.

L’alimentation d’origine animale

  • Sur terre

Les insectes constituent la source de nourriture la plus abondante pour les oiseaux. Ils peuvent les capturer en vol, comme les hirondelles, ou au sol, telles les bergeronnettes. Beaucoup d’oiseaux ont alors des vibrisses autour de l’ouverture du bec pour mieux détecter leurs proies. Des oiseaux sont même devenus spécialisés dans la capture d’insectes : les guêpiers se nourrissent de guêpes et d’abeilles dont ils sont immunisés face au venin. La Bondrée apivore cherchent les hyménoptères, guêpes et bourdons, dont elle recherche le nid en creusant au sol.

Les oiseaux peuvent également consommer des araignées et d’autres invertébrés. Pour plus d’efficacité, les oiseaux qui vivent dans un même milieu (un jardin, une prairie, une forêt…) se nourrissent de proies différentes qu’ils capturent de manière différente : chacun sa place !

Les mammifères représentent une grande variété de proies: petits rongeurs, marmottes, lièvres, renards et jeunes herbivores font ainsi partie du menu des rapaces, par exemple. Certains se sont spécialisés : l’Aigle des singes chasse les petits primates des forêts tropicales humides des Philippines. Le Milan des chauves-souris, oiseau africain et asiatique, privilégie ces petits mammifères.

Les oiseaux peuvent également se nourrir…d’oiseaux ! Tout d’abord, les œufs et les oisillons sont très appréciés par les corneilles, les pies, les rapaces et les Laridés. Le vautour percnoptère est capable de se servir d’un outil (une pierre) pour casser les œufs d’autruche. Des rapaces comme les faucons chassent les oiseaux en vol. Le faucon hobereau est ainsi un spécialiste de la capture de petits oiseaux, comme les hirondelles.

« Euh bonjour, ‘scusez-moi, j’étais en train de chasser et je suis un peu perdu…Ici, c’est Porte d’Auteuil ou de la Chapelle? »

  • Dans l’eau

On estime que près d’un dixième des oiseaux trouvent leur nourriture dans ou près de l’eau. Les oiseaux aquatiques consomment ainsi de grandes quantités de crustacés, la plupart planctoniques. Les crustacés peuvent être obtenus par l’oiseau en filtrant l’eau par le bec, comme le Flamant rose.

Les animaux marins les plus exploités sont les mollusques, notamment les bivalves, comme les coquillages. L’Huîtrier pie en est un grand spécialiste ! Il présente trois formes de bec différentes, programmées génétiquement chez les individus, selon qu’il se nourrissent de vers, de bivalves déjà ouverts ou de coquillages fermés. Le plus fort ? Des expériences ont montré que si un Huîtrier mangeur de vers est nourri de bivalves pendant une dizaine de jours, la forme de son bec évolue ! Parmi les mollusques, on trouve également les céphalopodes (pieuvres et calmars) dont sont friands les oiseaux marins comme les manchots, les albatros ou les pétrels.

Bon nombre d’oiseaux exploitent le milieu aquatique en pêchant du poisson. Parmi les oiseaux piscivores : les râles, les pélicans, les cormorans, les sternes et les martins-pêcheurs. Certains rapaces comme le Balbuzard pêcheur et la Chouette-pêcheuse de Pel se sont également spécialisés dans la pêche. Et pour pêcher, chacun sa technique! Parmi la multitude de possibilités : les hérons se servent de cou « en S » qu’ils détendent d’un coup pour tuer un poisson d’un fort coup de bec. L’Aigrette ardoisée a également une méthode bien à elle: elle déploie ses ailes en forme de parapluie au-dessus d’elle afin d’éviter les reflets dans l’eau. Les poissons vont venir s’abriter sous cette ombre, l’aigrette, débarrassée de la gêne des reflets, n’a plus qu’à se servir !

 

« Tadaaaam!! Etonnant, hein! »

 Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

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