Étonnants oiseaux de la Réunion

par | Juil 5, 2020 | Identifier | 0 commentaires

Cette semaine, on innove sur le Bird-Blog avec un article invité ! Yabalex, photographe de nature de la Réunion, nous en dit plus sur trois oiseaux fabuleux de l’île.

Le Tuit-tuit, en danger critique d’extinction

L’échenilleur de La Réunion (Lalage newtoni) est un oiseau qui appartient à la famille des Campéphagidés. Le mâle ressemble un peu à une Pie-grièche grise alors que la femelle est brune sur le dessus et beige strié sur le ventre. Comme son nom l’indique, il se nourrit de chenilles mais également d’insectes et d’araignées.

Il est l’oiseau emblématique de l’île, même s’il n’a pas la popularité du Phaéton à brins blancs adoré des Réunionnais. En effet, le Tuit-tuit n’est pas seulement une espèce endémique de La Réunion, elle est localisée uniquement dans une seule forêt au Nord, dans les hauteurs de la ville de Saint-Denis. À cause de la pression anthropique, son territoire est désormais restreint à 2000ha dans la forêt de la Roche Ecrite.

Ainsi, l’échenilleur de La Réunion est l’un des oiseaux les plus rares au monde, classé en danger critique d’extinction.

En 2003, la Société d’Etudes Ornithologiques de La Réunion (SEOR) comptabilisait seulement 7 couples. On était vraiment proches de l’extinction ! L’oiseau était victime d’une espèce invasive introduite : le rat.

Le rat noir arboricole accède facilement aux nids. Il mange les œufs, les poussins et la nuit, il peut attaquer les femelles qui couvent. Mais grâce à un programme efficace de dératisation et un travail laborieux pour parcourir cet espace dense et difficile d’accès, la forêt accueille en 2019, une quarantaine de couples.
L’échenilleur de La Réunion n’est donc pas facile à observer dans la forêt de bois de couleur des Hauts mais en prêtant l’oreille au son de la Nature, on peut entendre son chant puissant qui lui a donné son nom créole : tuit-tuit.

Le papangue, le seul rapace nicheur de l’île

Le Busard de Maillard (Circus maillardi) est endémique de La Réunion. On le nomme ici Papangue. Les adultes ressemblent un peu au Busard Saint-Martin mais pour le papangue mâle, il faut remplacer le gris par du noir et du blanc. Le juvénile est marron chocolat avec la nuque blanche. Il aura l’oeil jaune à l’âge adulte. Le rapace pèse entre 600 et 950g pour une envergure comprise entre 110 et 150 cm.

C’est le seul rapace se reproduisant sur l’île. Et il est présent quasiment sur tout le département, en dessous de 2 200 m. Son territoire est plus ou moins grand selon les individus. Dans l’Est de l’île, un secteur est particulièrement adapté et accueille plusieurs couples. C’est une mosaïque de milieux avec des zones denses et boisées ainsi que des champs de cannes pour la recherche de nourriture.

Le papangue niche au sol dans des endroits peu accessibles ou au milieu de végétation haute.

Une scène toujours impressionnante est le « passage de proie » dans les airs. Lorsque le mâle revient de la chasse, il survole le nid et lance un appel. La femelle décolle et vient le rejoindre. Dès qu’elle arrive juste en dessous, elle se met sur le dos, pattes vers le ciel pour attraper la proie que le mâle lâche juste avant. Elle retourne au nid pour nourrir les petits tandis que le mâle repart en quête d’une autre prise.

Le Busard de Maillard se nourrit de petits oiseaux, de reptiles, de tangues (Tenrec ecaudatus), occasionnellement de charognes mais surtout de micro-mammifères. Malheureusement, dans les zones de cultures, où il trouve des rats, les agriculteurs se protègent des maladies transmises par le rongeur en dispersant du raticide. Lorsque le papangue mange un rat empoisonné, il est alors intoxiqué à son tour : c’est ce que l’on appelle empoisonnement secondaire. Une étude de la SEOR démontre que 6 papangues sur 10 ont des molécules de raticides dans le sang.

On estime la population du Busard de Maillard à seulement 200 couples et malheureusement, il est classé en danger d’extinction.

L’oiseau blanc, l’évolution rapide d’une espèce

L’oiseau-lunettes gris, le Zosterops gris de La Réunion (Zosterops borbonicus borbonicus) est un petit oiseau d’environ 10 cm pesant 8-9 g. Il se nourrit principalement de fruits mais consomme également des insectes et du nectar. C’est une espèce courante et peu farouche que l’on peut observer sur toute l’île, du bord de mer aux plus hauts sommets. Elle s’est bien adaptée à l’urbanisation car elle est présente aussi bien dans les différents milieux naturels que dans les parcs et les jardins des particuliers.

Arrivé sur l’île il y a environ 500 000 ans, ce Zosterops intéresse les ornithologues américains depuis les années 1960 et une étude plus récente (Fance/Espagne) a commencé en 2007. En effet, sur un territoire de seulement 2 512 km² (environ la superficie du département des Yvelines), les différentes populations d’oiseaux blancs présentent des variations de la couleur de leurs plumages. Il y a quatre morphes distinctes dans quatre zones de l’île (gris, brun et deux variantes avec du gris et du brun). Et cela suggère une possible formation de quatre espèces différentes à partir de la même souche.

Les populations ne se mélangent pas car le Zosterops, en plus d’avoir un petit territoire, se déplace peu. Aussi, les oiseaux se reproduisent à proximité de leur lieu de naissance et ils pratiquent la reproduction coopérative au sein de groupes familiaux. Enfin, des barrières physiques naturelles (rivières, remparts ou coulées de lave) limitent le brassage génétique.

Appelé tout simple oiseau blanc par les réunionnais, à cause de la couleur du croupion, on peut dire qu’il ne porte pas bien son nom mais qu’il a une valeur patrimoniale inestimable.

“L’essentiel des oiseaux réunionnais”, 50 espèces pour découvrir l’avifaune réunionnaise

Yabalex propose de mieux connaitre les oiseaux de son île natale au travers de ce livre sorti aux éditions Orphie en 2015. Naturaliste passionné par la faune, il est photographe animalier depuis 2000 et connaît très bien les oiseaux. Il confie l’écriture des fiches de l’ouvrage aux ornithologues de la SEOR (Société d’Etudes Ornithologique de La Réunion) dont il est un membre actif.

En partant de l’océan Indien jusqu’au sommet du Piton des Neiges, on voyage au travers des différents milieux de l’île à la découverte des espèces nicheuses et de passage. Les oiseaux endémiques, indigènes, exotiques ou encore migrateurs offrent une palette de couleurs riche au patrimoine naturel de La Réunion.

Découvrez encore plus d’oiseaux de la Réunion sur la chaîne YouTube de Yabalex et sur son site internet !

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