Focus sur…L’Oie cendrée

Comprendre

Aujourd’hui, nouvel épisode de notre série « Focus sur… » : elle met en lumière une espèce ou une famille d’oiseaux qui rencontre une problématique comme une cohabitation difficile avec l’humain. Cette semaine, penchons-nous sur le cas de l’Oie cendrée !

Qui est l’Oie cendrée ?

focus sur l'oie cendrée, à découvrir dans le bird-blog d'une histoire de plumes

L’Oie cendrée est un membre de la famille des Anatidés (Lire notre article « Une histoire d’Oiseaux: les Anatidés« ), soit la famille des cygnes et des canards. Si sa tête ne nous est pas tout à fait inconnue, c’est parce qu’elle est la souche sauvage de notre oie domestique (qui est tout de même un petit peu plus dodue), une domestication qui remonte à plusieurs milliers d’années.

L’oie cendrée est un oiseau aux pattes palmées et au bec court et épais terminé par une zone blanchâtre. Le plumage est gris-brun avec des reflets blancs sur le dessus et gris plus clair tacheté de noir sur le dessous. Le dessous de la queue est blanc.

L’Oie cendrée est la plus grande des oies sauvages européennes. Les mâles sont souvent plus grands et plus lourds que les femelles: 3.6kg contre 3.2 pour une femelle. Cela reste toutefois plus léger que nos oies domestiques qui peuvent atteindre les 5.5kg !

« Comment ça, je ne suis pas légère! Répète un peu pour voir! »

L’Oie cendrée est végétarienne : son bec court est parfaitement adapté pour brouter herbes et jeunes pousses. Elle peut aussi consommer des rhizomes, des racines et des tubercules. Elle s’intéresse aussi bien aux plantes aquatiques (spartines) qu’aux plantes de prairies comme les trèfles et les pissenlits. Si les sols sont trop secs, ce qu’elle n’apprécie guère, l’Oie cendrée se détourne vers les céréales ou les cultures maraîchères.

L’Oie cendrée est un oiseau qui apprécie les zones humides. Elle peut y trouver de quoi se nourrir et un couvert végétal suffisamment dense pour être à l’abri des prédateurs, particulièrement en période de reproduction. L’Oie cendrée fréquente également les marais et les lacs, c’est une espèce qui nage souvent. Elle peut se croiser également dans des prés ou des pâturages.

« Et moi, le bétail, ça m’fait pas peur ! Faut leur montrer qui est le patron ! »

Un oiseau migrateur

Les oies sont des oiseaux grégaires : elles se regroupent en de larges bandes composées de groupes familiaux. Lorsqu’elles vont entamer leur migration, du Nord au Sud ou du Sud au Nord, elles vont rester en groupes, volant de jour et de nuit et adoptant une formation en « V ».

La migration post-nuptiale va débuter au plut tôt en septembre (généralement le début « officiel » est plutôt vers octobre) et durer jusqu’à la mi-décembre. Les haltes migratoires sont alors peu nombreuses, les oiseaux se hâtant de rejoindre leurs stations d’hivernage.

Les individus les plus précoces vont entamer leur voyage de retour vers leurs lieux de reproduction vers la fin-janvier. Le flux migratoire des oies cendrées au-dessus de la France va durer de la mi-février à la mi-avril. Les oies peuvent faire des haltes beaucoup plus régulières. L’Oie cendrée regagne des zones de reproduction situées dans le Nord et l’Est de l’Europe: Islande, Ecosse, Scandinavie, Estonie, Pologne, Allemagne. On peut également les retrouver en Turquie et en Russie. La France compte quelques populations nicheuses: en Alsace, en Baie de Somme ou à la Réserve ornithologique du Teich, en Gironde, par exemple.

Il y a donc plusieurs axes de migration en fonction du lieu de reproduction d’où part l’oie :

  • Les oies nichant au Nord-Ouest de l’Europe vont hiverner aux Pays-Bas, chez nous, en Espagne, ou encore au Portugal.
  • Les populations du Centre et Nord-Est de l’Europe ont tendance à rejoindre la Tunisie et l’Algérie.
  • Les populations nichant à l’Est de l’Europe part à l’ouest de la Mer Noire, en Turquie et au nord de la Syrie

Il n’y a donc pas une voie de migration simple et unique mais bien plusieurs, en fonction des populations ! 

La problématique de la chasse de l’Oie cendrée en France

Pourquoi une problématique autour de l’Oie, me direz-vous ! Peut-être même n’avez-vous que vaguement entendu parler des questions autour des dates de chasse à l’oie. C’est pourtant une problématique qui revient d’année en année sans pour autant qu’il y soit apporté une solution satisfaisante.

Tout d’abord, il faut savoir que la population Nord-européenne dont nous parlions plus haut a un statut de conservation plutôt favorable. Elle est désignée comme « Préoccupation mineure » sur la Liste Rouge des Espèces Menacées de l’IUCN (« Vulnérable » pour la population nicheuse française).

L’oie cendrée est une espèce protégée par la Convention de Berne, qui est particulièrement attentive à la protection des espèces migratrices. Elle fait néanmoins partie des espèces chassables en Europe. Il est cependant interdit de la chasser lorsqu’elle se déplace pour se reproduire. Autrement dit, en France, dès le 31 janvier, date de fermeture de la chasse, on doit laisser les oies passer tranquillement au-dessus de nos têtes.

Or, ces précédentes années, des dérogations ont été délivrées aux chasseurs afin qu’ils puissent continuer à la chasser en février. Mois qui correspond, nous l’avons vu, à sa période de migration pré-nuptiale. En janvier 2017, Ségolène Royal alors Ministre de l’Ecologie avait ordonné à l’ONCFS (l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage) de ne pas verbaliser les chasseurs qui abattraient des oies cendrés après la date légale de fermeture de la chasse. Soit de fermer les yeux sur le braconnage d’une espèce protégée…Le Conseil d’Etat s’était alors chargé de faire annuler ces instructions. Pour la saison de chasse 2017/2018, une nouvelle demande de dérogation des chasseurs avait cette fois été refusée par le Ministre de l’Ecologie, Nicolas Hulot. Qu’en sera-t-il cette année?

L’argument des chasseurs français pour poursuivre la chasse des oies au-delà de la limite légale? Aux Pays-Bas, les oies peuvent être massivement régulées car elles peuvent être à l’origine de nombreux dégâts localement notamment au niveau des cultures. Ce problème de cohabitation se retrouve en Norvège. Les chasseurs français souhaitent donc s’appuyer sur ces constatations de dégâts pour proposer de réguler en amont. Et donc de repousser la date de fermeture de la chasse.

Or, l’état actuel des connaissances sur l’Oie cendrée ne permet pas de dire avec précision si les oies responsables des dégâts aux Pays-Bas sont bien celles qui passent au-dessus de nos têtes. Appliquer une « gestion » globale de l’espèce au niveau européen semble intéressante d’un point de vue théorique mais comment l’appliquer sur le terrain? Comment certifier que nous sommes survolés uniquement par des oiseaux norvégiens? Il semble qu’il reste beaucoup de travail et d’études à réaliser sur les différentes populations d’oies cendrées en Europe avant de proposer une régulation « en amont ».

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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