Chaud/froid: la régulation thermique chez les oiseaux

Comprendre

Lors de ces derniers épisodes de froid, vous vous êtes peut-être demandé comment les oiseaux de votre jardin pouvaient s’adapter à des températures très basses. Ne pouvant enfiler doudoune et bonnet, comment supportent-ils des températures négatives ? Et à l’inverse, comment parviennent-ils à survivre aux épisodes de canicule ? Une histoire de plumes vous explique tout sur la régulation thermique chez les oiseaux !

La température du corps des oiseaux

Tous les oiseaux, même ceux vivant dans les régions les plus froides, présentent une température corporelle constante indépendamment des conditions extérieures : ce sont des animaux homéothermes. C’est grâce à cette adaptation fantastique qu’ils ont pu coloniser quasiment tous les milieux, des forêts tropicales aux déserts en passant par la haute montagne. En revanche, l’inconvénient majeur de cette particularité est l’importante dépense énergétique qu’elle représente.

En moyenne, la température corporelle des oiseaux est supérieure à celle des mammifères. Elle tourne autour de 39-40°C. Si cette température ne varie pas en fonction des conditions extérieures, elle augmente en fonction des périodes d’activité ainsi que pendant la mue. Ainsi, la température corporelle du pigeon passe de 38°C au repos à…43.5°C en vol ! Autre exemple, les grèbes. Au repos, leur température corporelle tourne autour de 37.9°C alors qu’elle est comprise entre 39 et 43°C lors des périodes d’activité.

La température corporelle des oiseaux est donc relativement constante puisqu’elle varie selon les périodes d’activité. Elle peut de plus varier au cours de la journée : chez les oiseaux diurnes, elle a tendance à augmenter dans la journée et à chuter en cours de nuit. Ce phénomène s’inverse chez les oiseaux nocturnes.

Enfin, la température corporelle des oiseaux peut varier dans l’année. Chez les pingouins et certains Tétraoninés, elle diminue au cours de la période de reproduction.

« Allez les gars, on donne tout, on se réchauffe ! HOP HOP HOP !

Lutter contre le froid

Pour contrecarrer les effets néfastes du froid sur l’organisme, les oiseaux doivent réduire un maximum les pertes d’énergie et/ou augmenter la production de chaleur. Ainsi, comme nous, les oiseaux peuvent frissonner : cette contraction musculaire peut ainsi augmenter la production de chaleur de 500% en peu de temps ! Cette méthode n’est utilisée que dans certains cas car elle est très coûteuse en énergie : le rythme cardiaque peut s’accélérer jusqu’à 340 battements par minutes !

Beaucoup d’oiseaux gonflent leur plumage : la couche d’air ainsi emprisonnée entre les plumes constitue un excellent isolant. C’est pour cela que lors des froides journées d’hiver, les oiseaux de votre jardin vous paraissent soudain bien gras !

« Gras ?! Mais qui a dit gras ? Comment ça GRAS ??! Redis ça pour voir ! »

Ils ne sont donc pas gras mais juste…gonflés. Ils peuvent également cacher dans ce plumage version « doudoune » leur bec et au moins une patte, en alternance, afin de limiter les pertes d’énergie dans ces parties périphériques. Les jours de bise d’hiver, les oiseaux se cachent dans des lieux abrités ou, à défaut, se placent toujours contre le vent afin d’éviter que celui-ci n’ébouriffe le plumage ce qui provoquerait des pertes d’énergie. Les limicoles, sur les plages, se placent ainsi dans le sens du vent et placent une patte dans le plumage.

Autre comportement assez impressionnant : comment les canards, et par extension, tous les oiseaux d’eau, parviennent-ils à se tenir sur des plans d’eau gelés ? Cette performance extraordinaire tient notamment au fait que la température interne n’est pas la même dans toutes les parties du corps de l’oiseau.

Elle est souvent plus stable et plus élevée au niveau des organes vitaux : le cerveau, le foie ou l’estomac. La température dans les parties périphériques sont plus variables. Ainsi, à une température ambiance de -16°C, le Goéland argenté présente une température corporelle de 38°C. Mais pas partout ! Elle va être de 24°C au niveau des tibias, 15°C aux chevilles, 8°C aux tarses et 5°c (voire 0°C!) aux orteils. Ainsi, la différence de température entre l’extérieur et la patte du Goéland est minime, la perte calorique est réduite au maximum. Malin, non ?

Autre technique pour mieux supporter le froid : le grégarisme. Ainsi, des espèces comme des étourneaux se regroupent en immenses dortoirs. Chaque individu peut ainsi profiter de la chaleur corporelle du voisin et perdre moins d’énergie. Le Manchot empereur adopte également cette stratégie. En se tenant blottis les uns contre les autres, l’énergie dépensée pour maintenir sa température corporelle est moitié moins importante que pour un individu isolé. Au centre du groupe ainsi formé, la température peut être de 10°C supérieure à celle de l’air ambiant ! Mais attention, pas de triche : un mouvement continu du groupe permet aux oiseaux de la périphérie de se retrouver à un moment donné au centre du groupe. 

Certains oiseaux utilisent les propriétés isolantes de la neige : tétras, gélinottes et lagopèdes se réfugient dans une loge, tel un igloo. Ils se retrouvent ainsi dans un abri à la température supérieure de celle extérieure et sont à l’écart du vent. Pour exemple, avec une température extérieure de -48°C, la température  l’intérieure de l’abri est d’environ -10°C.

Supporter le chaud

Lorsque la température extérieure est élevée, comment les oiseaux régulent-ils leur température corporelle ? Beaucoup d’oiseaux adoptent un comportement assez similaire à celui des mammifères. Tout d’abord, ils cherchent à s’abriter. Ils peuvent également se baigner ou au moins se déplacer dans l’eau. Les rapaces et les passereaux écartent les ailes contre le vent pour exposer les zones de peau nue sur le ventre et les aisselles au moindre souffle de vent frais.

En revanche, contrairement aux mammifères, les oiseaux ne possèdent pas de glandes sudoripares : ils ne peuvent transpirer. Ils vont donc, pour dissiper le trop-plein de calories et permettre le refroidissement corporel, s’étirer et haleter rapidement, le bec ouvert. Problème : haleter représente un effort musculaire et donc une production de chaleur…Certaines espèces comme les pélicans et les cormorans ont trouvé une parade à ce problème : ils font battre une poche gulaire, un peu à la façon d’un éventail. Le rythme de battements de ce sac gulaire est très élevé : jusqu’à un millier de battements par minute. La gorge va peu à peu se refroidir puis cela ce refroidissement se propage au corps entier.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn.

Sources et recommandations:

Une histoire de plumes

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