Felis catus, le tueur aux pattes de velours

par | Sep 23, 2016 | Comprendre | 1 commentaire

Nous avons beau être sur un site parlant de plumes, une fois n’est pas coutume, intéressons-nous aujourd’hui…aux chats. Car le chat, cette petite boule de poils attendrissante tellement mignonne, n’en reste pas moins un terrible prédateur.

Le chat, ce prédateur méconnu

Le chat domestique est l’animal le plus présent dans les foyers français avec pas moins de plus de 14 millions d’individus. Ce chiffre ne prend pas en compte les chats libres (qui sont identifiés et soignés, sous la responsabilité d’une associations ou d’une commune) et les chat errants, dont la population est estimée entre 8 et 10 millions.

Si tous les chats ont un impact sur la faune sauvage, on note des différences selon le type de chats. En effet, selon plusieurs études, un chat de maison bien nourri capture en moyenne 27 proies par an quand un chat errant en tue 273. Il est important de noter que pour capturer une proie, le chat doit en chasser 10, ce qui amplifie son influence sur un milieu. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, seulement 44% des proies sont consommées.

Parmi les proies capturées, on trouve majoritairement des micromammifères (68%), des oiseaux (23%) et des reptiles (9%). En ce qui concerne l’avifaune, les oiseaux des jardins, tels que le Merle noir, le Rouge-gorge familier, le Moineau domestique, la Tourterelle turque et les mésanges, font logiquement partie de ceux qui paient le plus lourd tribut. Le comportement de prédation des chats est à son paroxysme au printemps et en été, période durant laquelle les juvéniles sont en plein envol et donc particulièrement vulnérables.

Rien qu’au Royaume-Uni, dont la population féline s’élèverait « seulement » à moins de 9 millions, ce sont 275 millions de proies qui sont tuées chaque année, dont 55 millions d’oiseaux. Pour la France, on estime qu’entre 55 et 70 millions d’oiseaux seraient tués annuellement.

A cause de son efficacité redoutable en chasse, le chat fait partie du Top 100 des « espèces exotiques envahissantes parmi les plus néfastes au monde », au côté du Ragondin ou du Rat noir. En effet, au même titre, que les rats, les chats sont responsables de la quasi-extinction d’espèces insulaires. Peu habitués à la prédation, nichant au sol ou inaptes au vol, certains oiseaux ont vu leurs effectifs dégringoler à l’arrivée des chats sur ces territoires isolés. Ainsi, les populations de la Bernache néné ainsi que de la Corneille d’Hawai, deux espèces endémiques d’Hawaï, ont été particulièrement impactées par l’introduction d’un prédateur qui présente en plus la particularité de se reproduire très facilement.

Des prédateurs en nombre

Au-delà de son comportement de prédateur, l’expansion démographique du chat est une problématique à part entière. En effet, le nombre de foyers français qui accueille cet animal de compagnie est en hausse d’année en année. Trop de chats ne sont pas stérilisés, ce qui augmente leur population de façon exponentielle. On comptabiliserait ainsi 600.000 naissances de chats par an.

Mais si l’impact du chat sur la faune en général et l’avifaune en particulier est bien réel, il est également à nuancer. Tout d’abord, les chats s’attaquent aux juvéniles mais également aux individus faibles et malades.

De plus, il ne faut pas oublier que la biodiversité est impactée par nos modes de vie de manière beaucoup plus globale. Si le chat est une nuisance à considérer à sa juste échelle, il ne faut pas oublier que d’autres menaces telles que la destruction des milieux naturels ou les différentes pollutions (sonore, lumineuse, plastique…) sont responsables du déclin de nombreuses espèces.

Minimiser les dégâts

Fort heureusement, il existe des solutions pour minimiser l’impact de ces prédateurs de nos jardins. En plus de la mise en place d’une clochette au collier du matou, certains amoureux des chats ont développé des systèmes tels que le Birdsbesafe, un collier en tissu qui éloignera les oiseaux par ses couleurs vives. Avec 19 fois moins d’oiseaux tués une fois le collier mis en place, ce système semble avoir fait la preuve de son efficacité.

L’infographie mise au point par la LPO reprend de nombreuses propositions à tester selon son chat. (Pour la télécharger, il suffit de cliquer sur l’image !)

Et pour plus de conseils pratiques, l’épisode de la websérie « Colocataires sauvages » disponible ci-dessous vous expliquera comment aménager votre jardin afin de limiter la prédation des chats.

Aider la science

Vous êtes propriétaire d’un chat et êtes intéressé par cette thématique ? Vous pouvez participer au programme de sciences participatives « Chat domestique & Biodiversité » de la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, en partenariat avec le Muséum National d’Histoire Naturelle et la Ligue pour la Protection des Oiseaux.

Ce programme propose aux propriétaires de chats de toute la France à renseigner la fréquence et la nature des proies rapportées par leur animal sur un site internet dédié.

Objectif : identifier les espèces prédatées par les chats pour mieux comprendre leurs interactions, et de pouvoir quantifier l’impact réel de cette prédation sur les espèces concernées. Il s’agit également de définir des moyens permettant la meilleure cohabitation possible entre les chats domestiques et la biodiversité dite « ordinaire » à l’échelle nationale. 

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :