Oiseaux des jardins: Dr Jekyll et M.Hyde

par | Sep 16, 2016 | Comprendre | 1 commentaire

Vous êtes fasciné par l’observation du comportement des petits passereaux dans votre jardin ? Les regarder s’ébattre joyeusement autour d’un point d’eau ou se chamailler pour quelques graines vous remplit de joie ? Après avoir lu cet article, vous les regarderez d’un autre œil lorsqu’ils se rassembleront autour de votre mangeoire…

 

« AAAAAH, un rouge-gorge dans le jardiiiin !! »

La Mésange charbonnière, Hannibal Lecter des mangeoires

Un article d’Ornithomedia (« Le côté plus sombre de la Mésange charbonnière », Archives) décrit un comportement étonnant chez un oiseau se nourrissant d’ordinaire d’insectes, d’araignées, de graines, de fruits ou de chenilles. Le 27 décembre 2010, Jean-Louis Corsin a en effet photographié une Mésange charbonnière se délectant…d’une Mésange bleue !

« Miam miam »

Le petit oiseau gracieux des mangeoires qui devient cannibale, voilà qui s’avère pour le moins surprenant. Si dans le cas présent, la Mésange charbonnière ne semblait pas coupable du meurtre de sa cousine bleue, elle en est néanmoins physiologiquement capable ! Plus grande et plus forte, elle est capable de casser des noisettes avec son bec puissant. Noisette ou crâne de petit passereaux, finalement, peu de différences…

C’est ainsi que plusieurs observations décrivent des cas d’oiseaux attaqués par notre petit psychopathe en herbe : des Gobemouches noirs (Barnes, 1975), un Roitelet huppé (Caris, 1958) et d’autres petits passereaux pris dans des filets ou autres cages. Si certains de ces comportements sont plutôt bien documentés, notamment sa capacité à nettoyer les os des mammifères morts, ils restent néanmoins exceptionnels et sont révélateurs de difficultés rencontrées par l’animal à l’instant t (conditions météorologiques compliquées et donc difficultés à trouver des sources de nourriture).

Le Merle noir, parent infanticide ?

C’est un article du Telegraph, datant du 17 juin 2011, qui nous présente l’élégant Merle noir sous un autre jour. Durant ce printemps 2011, alors qu’une inhabituelle sécheresse sévit en Grande-Bretagne, les Merles noirs ont du mal à se mettre le moindre ver de terre dans le bec : ceux-ci fuient la sécheresse du sol en surface. Les ornithologues britanniques observent alors un changement de comportement chez le turdidé. A leur menu désormais : orvets, têtards, petites souris et même…leurs poussins !

Poussins de Merle noir

Une observation fait en effet état d’un Merle mâle se nourrissant de poussins. Rien n’a permis d’affirmer que c’était les siens. Toutefois, ce comportement était bien loin de l’habituel remue-ménage dans les feuilles mortes auquel s’adonne le Merle dans nos jardins…Là encore, on voit que des conditions environnementales extrêmes amènent les animaux à s’adapter, parfois avec des comportements eux-aussi extrêmes.

Le Faucon d’Eléonore : allons faire les courses chez le voisin !

Ce rapace niche non loin de ses congénères, en colonies, sur des falaises et îlots principalement du bassin méditerranéen. Un cas de cannibalisme a été récemment filmé grâce à un piège photographique installé près d’un nid dans une colonie de l’île de Chypre. La femelle a ainsi nourri ses trois petits à l’aide d’un poussin prélevé dans un nid voisin !

Certains facteurs favorisent ce type de comportement : une faible disponibilité en nourriture et/ou une forte densité en couples. S’attaquer au nid du voisin, pourtant de la même espèce, serait donc un comportement qui s’observerait donc principalement chez des oiseaux nichant en colonies.

Le Géospize à bec pointu : entretien avec un vampire

Finissons sur une pointe d’exotisme avec le Géospize à bec pointu, passereau endémique d’une île de l’archipel des Galápagos, l’île Wolf. Ce petit pinson, si cher à Darwin, se nourrit en temps normal de graines et de petits invertébrés. En temps normal. Car lorsque la température grimpe, il devient difficile de trouver de quoi s’hydrater. Leur fameux bec leur permet alors de percer les fruits et de se délecter d’un précieux liquide.

Autre alternative, particulièrement originale : le sang ! Comme le montre la vidéo ci-dessous, les Géospizes s’attaquent à des oiseaux marins vivant sur l’île : les Fous de Grant (appelé aussi « Fou de Nazca ») et les Fous à pieds bleus. En les piquant à la base de la queue, ils les font saigner et boivent leur sang ! Une fois de plus, à conditions exceptionnelles, adaptation exceptionnelle (et tant pis si ce sont les collègues qui trinquent…).

Si les observations de ces comportements inhabituels sont rares, on peut noter qu’elles témoignent à chaque fois de conditions environnementales perturbées et donc de la faculté d’adaptation des espèces concernées. En vous présentant ces quelques situations, loin de moi l’idée de faire de l’anthropomorphisme facile ! Mais avouez que vous allez la voir d’un autre œil, la petite Mésange sur le rebord de votre fenêtre…

Mésange*Ce petit oiseau a atterri devant ma fenêtre et me fixe comme si j’avais tué toute sa famille*

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

  • Ornithomedia, « Le côté sombre de la Mésange charbonnière« , Archives.
  • The Telegraph, « Starving blackbirds turn cannibal due to dry weather » par Andy Bloxham, 17 juin 2011.
  • Ornithomedia, « Un cas filmé de cannibalisme chez le Faucon d’Eleonore« , Brèves.
  • Maxisciences, « L’étonnant régime des pinsons-vampires des îles Galapagos » par Caroline Moréteau, 13 juillet 2014.
  • Crédits photographiques (dans l’ordre d’utilisation) : blumenbiene, Mick Sway
  • Image à la Une : Andrew Alexander