Les oiseaux sont-ils des papas-poules?

Comprendre

Ce dimanche, on fêtait les papas à grands renforts de cravates, stylos ou cadre-photos en bâtons d’esquimaux. À Une histoire de plumes, on s’est demandé si les papas-oiseaux étaient particulièrement investis ou, au contraire, franchement indignes.

Des papas majoritairement très investis

Parmi les animaux, les oiseaux constituent un groupe où l’on trouve des comportements paternels particulièrement élaboré. Chez 90% des espèces, le mâle participe à quasi-égalité avec la femelle à toutes les tâches liées à la reproduction. Cela commence par la construction du nid, la couvaison où il relaie la femelle, le nourrissage et la protection face aux prédateurs. Bien sûr, quelques espèces font exception… Jetons donc un coup d’œil sur le comportement de papas d’oiseaux, des plus investis aux plus volages !

Le Manchot empereur

Le Manchot empereur, un étonnant papa oiseau décrit dans le nouvel article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Le Manchot empereur est un drôle d’oiseau qui se reproduit pendant l’hiver antarctique, soit durant des conditions climatiques particulièrement difficiles. A la suite de la formation du couple, la femelle pond un œuf unique de 500g, qu’elle va rouler à l’aide de ses pattes dans un repli de peau abdominale du mâle. Elle part ensuite en mer pour aller se nourrir, laissant les mâles seuls face aux conditions météorologiques effroyables.

Pour lutter contre le froid et les tempêtes de neige, les mâles vont se blottir les uns contre les autres. Ils utilisent leurs réserves de graisse pour survivre. Après deux mois de cette couvaison, le petit éclot de son œuf ! Il sera nourri par un liquide fabriqué dans le jabot du père. A 6 semaines, le petit quitte la « poche » parentale. Il rejoint une crèche, rassemblement de petits protégé par des adultes contre les attaques de labbes.

Les femelles, qui ont passé ces deux mois en mer à reconstituer leurs réserves, reviennent avec, dans leur jabot, jusqu’à 4kg de poissons ! Elles retrouvent leur partenaire dans l’immensité de la colonie, qui peut aller jusqu’à 6.000 couples. Les mâles vont à leur tour gagner la mer pour reprendre des forces. La femelle nourrit le petit avec les poissons non digérés dans son jabot. Ils reviendront au bout de 3 semaines: le petit sera alors nourri alternativement par les deux parents durant 4 mois, avant son indépendance et le retour des manchots à l’océan.

Alors, un papa parfait ce Manchot empereur, non ?

Le Jacana à poitrine dorée

Appelé également Jacana africain, le Jacana à poitrine dorée est un oiseau grégaire appartenant au même ordre que les limicoles. Il vit dans toute l’Afrique sub-saharienne où il affectionne les zones humides d’eau douce peu profondes. Cette espèce de Jacana est d’ailleurs surnommée « coureur de nénuphars » car cette végétation flottante lui permet de se nourrir et de se déplacer sur l’eau. Il peut d’ailleurs y construire son nid, une construction assez sommaire.

Comportement rare chez les oiseaux: chez les jacanas, c’est également le mâle qui s’occupe de la couvaison. Une fois les œufs pondus, la femelle part à la recherche d’autres mâles reproducteurs. Elle peut ainsi pondre jusqu’à quatre fois dans la saison de reproduction. Le mâle va donc couver et protéger les œufs de la chaleur grâce à son ombre.

Une fois éclos, Papa-Jacana s’occupe très attentivement de ses petits. Ses poussins sont nidifuges, ils quittent le nid quelques heures après l’éclosion. Ils se nourrissent seuls, guidés par leur père. Celui-ci veille très attentivement à ce qu’aucun poussin ne finisse dans l’estomac d’un prédateur ! Il adopte pour cela un comportement étonnant: au moindre danger, Papa-Jacana appelle ses petits et les cache sous ses ailes qui forment alors des sortes de poches. Il court se réfugier dans un endroit sûr, les pattes de sa marmaille pendant sous ses ailes !

En images, ce comportement paternel du Jacana africain :

Le Flamant rose

Le Flamant rose, un étonnant papa oiseau décrit dans le nouvel article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Les espèces d’oiseaux où l’implication des mâles est comparable à celle des femelles sont le plus souvent des espèces monogames. On peut penser que cette forte implication participe à la solidité du couple voire la renforce. Ainsi, lorsque l’un des parents relaie l’autre au nid, il doit, chez beaucoup d’espèces, accomplir quelques mouvements ritualisés. Ils permettent au parent-couveur de reconnaître son partenaire et le différencier d’un danger potentiel (prédateur). Toutes les parades ou mouvements de rituels très codifiés ont pour but de renforcer le lien entre partenaires au fil du temps.

Chez le Flamant rose, les pères participent activement à l’élevage des jeunes. Cette espèce niche en vastes colonies et les deux partenaires se relaient pour incuber un œuf unique. Les petits sont semi-nidifuges : ils quittent le nid, situé sur un îlot vaseux, après une dizaine de jours. Ils sont rassemblés en crèches, comme chez les manchots empereurs. Les parents nourrissent leur petit avec un liquide nourrissant qu’ils versent directement dans leur bec. Il apparaît que cette sorte de « lait de jabot » du père, de plus grande taille, est plus adaptée aux besoins des poussins les plus grands. Il est donc indispensable dans la survie du poussin ! Il est d’une taille plus grande que la femelle, il peut donc consacrer plus d’énergie à fabriquer ce liquide, c’est assez logique.

Le Canard colvert

Le mâle colvert va courtiser sa femelle avec moult démonstrations. Il va se montrer particulièrement protecteur durant la période de reproduction. La femelle va construire seule son nid composé d’éléments végétaux, au sol, près d’un plan d’eau. Dès l’incubation des œufs, le mâle quitte la femelle et ne s’occupera ni d’elle ni des petits. Elle va couver et gérer seule sa petite dizaine de poussins nidifuges. A la sortie du nid, elle va les mener sur le plan d’eau et leur apprendre tout ce qu’ils doivent savoir pour leur vie future de canard, notamment à se nourrir.

La Bécasse des bois 

La Bécasse des bois, un étonnant papa oiseau décrit dans le nouvel article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Même combat pour la Bécasse des bois : la femelle s’occupe de tout ! Chez cette espèce polygame, le mâle n’est pas présent pour l’élevage des petits. S’ils ne sont pas fidèles à une femelle, ils le sont d’une année à l’autre à leurs sites de croule. Ces vols accompagnés de cris constituent la parade nuptiale chez la Bécasse des bois. Comme pour le Canard colvert, le mâle quitte la femelle dès l’incubation. Les petits sont nidifuges et se nourrissent seuls 2 à 3 semaines après avoir quitté le nid.

Passereaux, rapaces, oiseaux marins… De manière générale, les mâles chez les oiseaux sont très impliqués dans les soins parentaux. Comme nous l’avons vu au début de cet article, on retrouve chez 90% des espèces une palette de comportements paternels. A titre de comparaison, de tels comportements sont observés chez moins de 10% des Mammifères ! Chez les oiseaux, l’absence totale du mâle dans l’élevage des petits est rare. Elle est très souvent associée à un comportement polygame. Ainsi, dans le monde animal, les oiseaux font figure, et de loin, de Supers-Papas !

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

 

Sources et recommandations :

Une histoire de plumes

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