Ornithologue, qui es-tu? Episode 1 – le baguage

Comprendre

Si, sur ce blog, on parle d’ordinaire uniquement des oiseaux, parlons aujourd’hui des personnes qui les étudient de près : les ornithologues. L’étude des oiseaux est une discipline aux multiples facettes : comptage, étude des comportements, des dynamiques de populations, travail de terrain…Aussi, afin de vous présenter au mieux ces missions, nous verrons plus en détail dans chaque épisode un aspect de ce métier. Aujourd’hui, on sort les filets, les pinces et les bagues ! C’est parti !

Le baguage, qu’est-ce c’est ?

Au sens strict, le baguage est une technique consistant à capturer des oiseaux (volants ou non) afin de leur poser à la patte, au niveau du tarse, une bague en aluminium ou en acier. Cette bague présente un numéro unique et le nom du muséum responsable du programme de baguage. C’est cette sorte de carte d’identité de l’oiseau qui permettra de retracer son histoire lorsqu’il sera recapturé.

Afin de capturer un oiseau, il faut mettre en place un système de capture qui ne va pas le blesser. Généralement, les oiseaux sont pris dans des filets placés préalablement sur le site, filets tendus entre deux perches. Ce type de filet, appelé « filet japonais », mesurent 6 ou 12m pour environ 2m de haut. Il est traversé par des filins horizontaux, qui créent des sortes de poches lâches. Les oiseaux voient mal le nylon noir du filet et se prennent donc facilement dedans. À intervalles de temps réguliers, le bagueur fait le tour de ses filets et « démaille », c’est-à-dire qu’il sort délicatement mais rapidement les oiseaux des filets. 

Un filet japonais, moyen de capture pour le baguage des oiseaux, nouvel article du bird-blog d'une histoire de plumes sur le baguage des oiseaux

Une fois sorti du filet, l’oiseau est mis à l’abri dans un pochon en tissu fermé. Avant toute pose de bague, le bagueur doit reconnaître de façon certaine l’espèce qu’il tient dans la main. En fonction de l’espèce, il choisit la taille de la bague et en équipe l’oiseau à l’aide d’une pince spéciale.

Comment baguent-on les oiseaux, un nouvel article du bird-blog d'une histoire de plumes

Une fois celle-ci posée, il doit déterminer, lorsque cela est possible, l’âge et le sexe de l’oiseau. Il dispose pour cela de documents très complets pour l’aider dans cette étape. Puis, il réalise ensuite un certain nombre de mesures d’ordre biométrique, physiologique ou comportementale : mensurations, masse, état de mue et d’adiposité…Tous ces renseignements sont notés précisément sur un bordereau, données qui seront ensuite informatisées. 

L’oiseau est identifié, bagué, mesuré? Il ne reste plus qu’à le relâcher ! Afin que le stress soit minimal et que l’oiseau puisse repartir dans les meilleures conditions, le bagueur doit le garder le moins de temps possible. La moyenne, sur un oiseau facilement identifiable ? 2 minutes, pas plus ! Certains oiseaux comme les martins-pêcheurs sont en effet très sensibles au stress : les garder trop longtemps en main peut provoquer la mort de l’oiseau…

Comment est organisé le baguage en France et en Europe ?

En France, c’est le Centre de Recherches sur la Biologie des Populations d’Oiseaux (C.R.B.P.O) qui est chargé de la coordination des programmes de baguage des oiseaux. Il fait partie du département d’Ecologie et Gestion de la Biodiversité du Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris. En plus de ses missions scientifiques, notamment par l’intermédiaire du baguage, le CRBPO assure et valide la formation des bagueurs en France.

En Europe, les centres européens de baguage sont regroupés en une fédération, l’European Union for Bird Ringing ou EURING. Fédération dont le travail a permis la mise en place d’une banque européenne de données de reprises d’oiseaux bagués (bien utile pour suivre des animaux qui ne connaissent pas les frontières !).

A quoi sert le baguage ?

On ne place pas des bagues sur les pattes des oiseaux juste pour le plaisir ! Cela se fait dans le cadre de programmes scientifiques dont les protocoles sont déterminés par le CRBPO. Le protocole est une sorte de mode d’emploi qui va détailler toutes les étapes que le bagueur devra suivre ainsi que le matériel utilisé. En effet, seules des données obtenues par les bagueurs ayant suivi scrupuleusement le même protocole sont scientifiquement exploitables.

Voici quelques exemples de programmes :

  • STOC- Capture ou Suivi Temporel des Oiseaux Communs par Capture. Il s’agit d’un suivi à long terme, sur un même site, en période de nidification. 
  • SPOL ou Suivi de Populations d’Oiseaux Locaux. C’est un programme complémentaire au STOC car il permet de suivre des populations reproductrices d’espèces mal couvertes par le STOC ainsi que des populations hivernantes. Il existe par exemple un programme SPOL spécifique au Moineau domestique afin de réaliser une veille démographique sur cette espèce sensible.
  • ACROLA, programme spécifique concernant le Phragmite aquatique (Acrocephalus paludicola), passereau continental le plus menacé en Europe.

Les données de baguage, obtenues lorsque les oiseaux sont recapturés, ont permis au fil des décennies d’accroître le champ des connaissances sur les comportements des oiseaux. Le baguage permet de connaître la distribution générale d’une espèce et les déplacements à l’échelle d’une population. On peut suivre sur le long terme les modifications de dates de migration. On connait les routes suivies, les vitesses de déplacement.

La fidélité au nid ou au partenaire de reproduction, la dispersion des jeunes après leur envol du nid, la fidélité à leurs lieux de passage en migration…Tous ces paramètres sont étudiés grâce aux données fournies par le baguage. Elles permettent également d’en savoir plus sur la dynamique d’une population (réussite des nichées, importance des colonies…), sur le comportement d’oiseaux nicheurs ou migrateurs ou encore sur la physiologie des oiseaux.

Comment devient-on bagueur ?

Baguer des oiseaux demande de maîtriser une importante somme d’informations ornithologiques et un savoir-faire acquis après plusieurs années d’expérience. La première partie de la formation de bagueur consiste donc à participer à un maximum de camps de baguage (où se tiennent les programmes dont nous parlions précédemment) en tant qu’aide-bagueur afin d’acquérir ces compétences particulières. Pendant ces camps, les bagueurs encadrants valident les différents modules de la formation en signant sur un carnet de formation. Lorsque celui-ci est rempli, l’aide-bagueur peut participer à un stage théorique organisé par le CRBPO. Il a ensuite deux ans pour parfaire sa formation et enfin suivre le stage de qualification, étape finale qui lui permettra d’obtenir l’autorisation de capture et marquage d’oiseaux à but scientifique.

Le baguage n’est qu’une des nombreuses facettes du métier d’ornithologue. Tous les ornithologues ne sont d’ailleurs pas bagueurs ! Très peu de bagueurs peuvent vivre de cette activité : ils travaillent en tant que technicien ou gestionnaire de réserves, chargé d’études, chercheur…Le baguage est une discipline particulièrement exigeante mais qui apparaît comme indispensable lorsque l’on sait qu’une espèce d’oiseau sur huit est en déclin.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn.

Sources et recommandations :

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