Zoonoses: c’est grave, docteur?

Comprendre

Cette semaine, nous nous intéressons aux maladies et infections atteignant les animaux et transmissibles à l’humain: on les appelle les zoonoses. Bénignes ou potentiellement mortelles, elles peuvent être parasitaires ou infectieuses.

Qu’est-ce qu’une zoonose?

Étymologiquement, le mot « zoonose » est composé de « zoo », venant de « zôon », animal en grec, et de « nosos », signifiant « maladie ». « Zoonose » désigne donc des maladies touchant des animaux et transmissibles à l’humain. Ce terme a été crée au XIXème siècle par Rudolf Virchow, un médecin pathologiste allemand.

On peut faire la distinction entre :

  • les zoo-anthroponoses : l’homme transmet la maladie à l’animal.

  • les anthropo-zoonoses : l’animal transmet la maladie à l’homme.

On ne compte pas parmi les zoonoses les maladies non infectieuses provoquées par les animaux, comme les allergies, les maladies transmises artificiellement d’une espèce animale à une autre, dans le cadre d’une étude de laboratoire par exemple, et les maladies transmises par des produits d’origine animale.

Il n’est pas du tout anecdotique de connaître et de savoir identifier les zoonoses: certaines sont potentiellement mortelles ! Et même si certaines sont bénignes, elles peuvent coûter très cher aux budgets de santé publique. Certaines zoonoses bien identifiées sont d’ailleurs reconnues comme maladies professionnelles dans des secteurs comme l’élevage et les services vétérinaires. Point important : d’après l’Organisation mondiale de la santé animale, 60% des maladies infectieuses humaines sont zoonotiques. 

« 60%?!! Ramenez-moi, je ne retourne pas dans cette Nature si infectée! »

Intéressons-nous maintenant à quelques exemples de zoonoses touchant les oiseaux. 

Les zoonoses infectieuses

  • L’ornithose

Aussi appelée chlamydiose aviaire, il s’agit d’une infection provoquée par une bactérie de la famille des Chlamydiaceae : Chlamydophila psittaci. C’est la plus fréquente des zoonoses aviaires. Il existe différentes variétés d’ornithoses dans le monde, elles sont toutes potentiellement graves. L’une de ces variétés, la psittacose, concerne les cas touchant les oiseaux de la famille des Psittacidés. Il s’agit de la forme la plus virulente.

Psittacidés mais également tourterelles, pigeons, canards, oies, dindes et poules sont les oiseaux les plus fréquemment infectés par une forme d’ornithose.

Elle se transmet par inhalation de poussières contaminées par les déjections d’oiseaux infectés. Plus rarement, il est possible de la contracter après un contact direct avec un oiseau infecté (contact bouche à bec, pincement du bec, manipulation d’oiseaux morts infectés…). Il n’y a en revanche pas de contamination via la consommation alimentaire. La transmission de mammifère à mammifère est extrêmement rare. Cette infection est difficile à contracter en côtoyant des oiseaux isolés mais elle est plus fréquente dans les élevages avicoles.

Elle entraîne chez l’humain une fièvre importante et des troubles pulmonaires potentiellement graves. Reconnue comme maladie professionnelle, l’ornithose est, en santé animale, une maladie à déclaration obligatoire : chaque cas détecté doit être déclaré aux autorités compétentes.

  • Les salmonelloses

Fatigué voire agonisant, les yeux mi-clos avec une conjonctivite purulente, une respiration difficile…Voici quelques symptômes d’un oiseau atteint de salmonellose. Elle est causée par une bactérie de la famille du genre Salmonella. Certains individus sont des porteurs sains et ne présentent ainsi aucun symptôme.

La maladie se propage par la nourriture ou l’eau contaminées par les fientes des individus infectés. Oiseaux domestiques et sauvages, tous peuvent être potentiellement touchés. Les oiseaux sauvages peuvent propager cette maladie dans les mangeoires et abreuvoirs placées dans les jardins en hiver, d’où l’importance de bien les nettoyer. L’homme peut être contaminé par un contact main-bouche après avoir manipulé un oiseau infecté. Chez l’humain, les germes de Salmonella entraînent des vomissements, des diarrhées et de la fièvre. Elle peut devenir sévère, voire mortelle, chez les personnes fragiles, immuno-déprimées.

  • La grippe aviaire

Le terme de « grippe aviaire » désigne les différentes formes d’une grippe qui touche les oiseaux, sauvages et domestiques. Ce virus grippal, dit « Influenza A », est classé en fonction de deux de ses protéines de surface : il existe 144 combinaisons possibles. Ces protéines de surface sont les hémagglutinines (désignées par le « H ») et les neuraminidases (désignés par le « N »). Les 144 sous-types du virus de la grippe sont tous susceptibles de toucher toutes les espèces d’oiseaux mais 6 d’entre eux présentent les caractéristiques pour infecter l’humain.

La souche H5N1 est apparue en 2006 comme potentiellement dangereuse du fait de sa transmissibilité à l’homme. La contamination de l’humain, par voie respiratoire, reste toutefois rare. Elle concerne les humains travaillant en contact étroit et prolongé avec des oiseaux domestiques. Toutefois, la possibilité que le virus mute en une version beaucoup plus agressive  pour l’homme inquiète les spécialistes qui redoutent une pandémie.

  • La campylobactériose

Les oiseaux peuvent être porteurs de deux bactéries : Campylobacter jejuni et Campylobacter coli. Elle est transmise à l’homme par voie alimentaire. Il s’agit d’ailleurs de la zoonose d’origine alimentaire la plus répandue en Europe.

Peu voire pas de symptômes se déclarent chez les oiseaux atteints des types C.jejuni et C.coli. Chez l’humain en revanche, l’ingestion d’aliments contaminés crus ou peu cuits ou la manipulation d’oiseaux infectés peut entraîner diarrhées, fièvre, maux de tête et vomissements. Des formes plus sévères peuvent être observées chez des personnes plus fragiles.

  • La cryptococcose

Provoquée par Cryptococcus neoformans, un champignon microscopique, cet agent peut devenir pathogène chez les personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies. Chez les oiseaux, elle se rencontre principalement chez le pigeon, chez lequel elle ne déclenche pas forcément de symptômes. La contamination se fait par voie respiratoire: le champignon peut se développer abondamment sur les sols riches en fientes d’oiseaux. 

Les zoonoses parasitaires

  • Les gales

La gale est provoquée par un parasite de type acarien qui creuse de petits tunnels sous la peau: le sarcopte. Cette affection est bénigne, le principal symptôme chez l’homme est la démangeaison. La transmission se fait par le contact avec un animal infecté. 

  • La pulicose

Il s’agit d’une infection cutanée engendrée par des piqûres de puces. Elle commence par une irritation cutanée, une forme plus sévère pouvant se développer après 48h. Les oiseaux sauvages sont quasi-systématiquement infectées par les puces. Les oiseaux domestiques peuvent également être touchés.

Eviter les zoonoses

Même si ce tableau semble bien sombre, il est évident que ce n’est pas en observant tranquillement les oiseaux dans votre jardin que vous risquez d’attraper la moindre maladie ! Les transmissions oiseau-homme sont rares en dehors des professions travaillant en contact étroit avec l’avifaune. Néanmoins, il convient de prendre quelques précautions dans certaines circonstances :

    1. Vous trouvez un oiseau blessé ? Lavez-vous correctement les mains après l’avoir mis à l’abri (et avant de le confier à un Centre de soins pour la faune sauvage !).

    2. Ne manipulez pas de cadavres d’oiseaux trouvés dans la nature, ils peuvent être potentiellement porteurs de zoonoses.

    3. Si vous ramassez des plumes, ne les portez pas près de votre visage et lavez-vous les mains.

    4. Les personnes fragiles (femme enceinte, personne immuno-déprimées, enfant…) doivent éviter de manipuler des animaux. 

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations :

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