Une histoire d’Oiseaux: les Hirondelles

par | Juin 25, 2018 | Identifier | 0 commentaires

Cette semaine, nous nous intéressons à la famille des Hirondelles dans un nouvel épisode de notre série « Une histoire d’Oiseaux » ! 

Un peu de classification

Les hirondelles font partie de la famille des Hirundinidés, qui comprend 19 genres et 88 espèces dans le monde. Cette famille fait elle-même partie de l’immense Ordre des Passériformes, les passereaux, le plus grand Ordre de la Classe des oiseaux. Les Passériformes regroupe les oiseaux dont le fonctionnement de la syrinx est suffisamment complexe pour pouvoir émettre différentes notes et donc un chant mélodieux.

Contrairement à la famille des Alcidés, vu dans un précédent épisode de cette série, la famille des Hirundinidés regroupe des oiseaux à la morphologie relativement similaire. Ce qui va principalement les différencier ? Leur distribution géographique. Ainsi, si les hirondelles fardées fréquentent les contrées ouvertes des zones tropicales et subtropicales d’Amérique du Sud, l’Hirondelle de Bonaparte est capable de se reproduire entre 1500 et 5000m d’altitude, dans l’Himalaya.

Attention : s’ils se ressemblent beaucoup, hirondelles et martinets ne font pas partie de la même famille ! Les martinets, dont le célèbre Martinet noir que nous apercevons dans notre ciel à son retour de migration, font partie de la famille des Apodidés, nom qui reflète une de leurs principales caractéristiques : leurs petites pattes, si minuscules qu’ils ont bien du mal à redécoller si d’aventure ils se sont posés au sol ! La famille des Apodidés ne fait pas partie de l’Ordre des Passériformes mais des Apodiformes. Ordre qui comprend également la famille…des colibris ! En terme de classification, les martinets sont ainsi plus proches des colibris que des hirondelles !

Où voir des hirondelles ?

Les hirondelles, comme nous venons de le voir précédemment, se rencontrent un peu partout sur le globe (exception faite des pôles). En matière d’habitat, les hirondelles sont on ne peut plus cosmopolites : elles fréquentent une très grande variété de milieux ! Un point commun toutefois : elles apprécient être non loin d’un point d’eau, notamment parce qu’elles en ont besoin pour « maçonner » leur nid. Celui-ci est en effet constitué de terre, de sable ou d’algues agglomérées avec un mélange d’eau et de mucus.

Découvrez notre article sur les hirondelles dans le Bird-Blog d'Une histoire de plumes

« Et croyez-moi, on a beau avoir l’habitude de bosser dans le bâtiment, c’est pas les jours facile ! »

On peut observer des hirondelles à la fois dans des zones montagneuses, rocheuses, en haute altitude ou à l’inverse dans des zones de plaines et des régions semi-arides. Ainsi, l’hirondelle d’Ethiopie fréquente la savane. L’hirondelles des mangroves est une spécialiste des lacs et autres marécages.

Les hirondelles sont des oiseaux migrateurs. En Europe, elles entament dès la fin de leur reproduction un long voyage vers l’Afrique : jusqu’à 10.000km avec pour seule réserve quelques grammes de graisse !

À table !

Les Hirundinidés sont des insectivores exclusifs : ce sont de fabuleux chasseurs en vol ! Toute leur morphologie est parfaitement adaptée à cette fonction: un corps fuselé, des ailes en faucille, une queue qui sert de gouvernail et une vue perçante, rien de tel pour chasser ! C’est également pour cela que les hirondelles apprécient la proximité de points d’eau : elles peuvent y chasser de nombreux insectes. Lorsqu’elle nourrit sa nichée, une hirondelle peut ramener en une seule fois une vingtaine d’insectes !

Quelques exemples d’Hirundinidés

  • L’hirondelle rustique

Découvrez notre article sur l'hirondelle rustique dans le Bird-Blog d'Une histoire de plumes

« On a faim, on a faim !! »

Cette espèce est très certainement la plus connue dans nos régions car elle est très proche de l’humain. Elle affectionne les habitations, en particulier les bâtiments agricoles, pour établir leur nid. En plumage nuptial, son large masque couleur rouge brique, le dessus de son corps noir au reflets bleutés et les larges taches blanches de sa queue sont caractéristiques. Comme pour toutes les espèces d’hirondelles, le dimorphisme sexuel est peu marqué. Chez l’Hirondelle rustique, le mâle présente deux grands filets étroits au niveau de la queue : ce sont deux rectrices très effilées. Ces filets sont beaucoup plus courts chez la femelle.

Si l’hirondelle rustique est une espèce grégaire, elle ne niche pas en colonies. Elle ne craint absolument pas l’homme et niche dans sa proximité.

Comme la grande majorité des oiseaux insectivores, les hirondelles rustiques sont migratrices: elles vont ainsi passer l’hiver en Afrique où les sources de nourriture sont abondantes pendant « notre » hiver.

  • L’hirondelle de fenêtre

Autre hirondelle que l’on peut observer dans notre pays : l’hirondelle de fenêtre ! Cette petite hirondelle (14cm contre 18 pour l’hirondelle rustique) appartient non pas au genre Hirundo comme sa précédente cousine mais au genre Delichon. Elle est bicolore: noire et blanche, avec notamment un croupion blanc bien visible.

Découvrez notre article sur l'hirondelle de fenêtre dans le Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Contrairement à sa cousine Hirundo rustica, l’hirondelle des fenêtres niche volontiers en colonies. De même, cela ne lui pose aucun problème d’évoluer à proximité de l’homme, loin de là. Elle peut se révéler être une excellente citadine ! Ce caractère n’est pas sans poser des soucis de cohabitation. De nombreux Sapiens sapiens ne supportent pas les salissures de boue puis les fientes que produisent les oiseaux lors de la nidification. Beaucoup sont alors tentés de détruire les nids. Or, toutes les espèces d’hirondelles sont protégées par la loi, la destruction de leurs nids est donc strictement interdite.

L’hirondelle des fenêtres est une insectivore stricte, capable de chasser très haut dans le ciel comme les martinets. Ainsi, elle limite la concurrence avec l’hirondelle rustique avec laquelle elle peut partager un habitat et qui, elle, chasse à moindre altitude.

  • L’hirondelle de rivage

Découvrez notre article sur l'hirondelle de rivage dans le Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Encore une hirondelle d’un genre différent ! L’hirondelle de rivage appartient au genre Riparia. Elle se différencie notamment par son dos brun et sa queue si courte qu’elle se devine à peine. D’une taille de 12cm, c’est un vrai poids plume !

Elle doit son nom à l’habitat qu’elle fréquente : elle niche près des rivières, les fleuves, les falaises, les carrières de sable…L’hirondelle de rivage ne « maçonne » pas, elle creuse un tunnel d’environ 60cm de profondeur qui débouchera sur une salle. Le nid qui y sera aménagé sera confectionné à partir d’herbes et de plumes.

Contrairement aux deux espèces précédentes, l’hirondelle de rivage n’affectionne pas vraiment le vol en altitude. Elle préfère raser la surface de l’eau afin d’attraper tous les insectes qui y évoluent.

Les populations d’hirondelles de rivage peuvent fluctuer d’année en année du fait de la fragilité  et de l’instabilité des habitats qu’elles choisissent.

  • L’hirondelle des mosquées

Découvrez notre article sur l'hirondelle des mosquées dans le Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Allez, on change de continent pour s’intéresser à une hirondelle africaine ! La limite Nord de l’aire de répartition de l’hirondelle des mosquées va du Sénégal jusqu’à l’Ethiopie. Appartenant au genre Cecropis, c’est une hirondelle bien plus grande que les précédentes : 24cm ! Son plumage présente des couleurs voyantes (bleu aux reflets métalliques, roux, beige) et la queue est terminée par de longues et fines banderoles, un peu comme les filets de l’hirondelle rustique.

Contrairement à ce que leur nom laisse penser, elles cohabitent peu avec l’humain. Elles préfèrent généralement les zones boisées, surtout en Afrique australe. Si en Afrique occidentale, on peut les trouver le long des rivières et non loin des habitations, en Ethiopie, elles peuvent vivre jusqu’à plus de 2500m d’altitude !

Elles se nourrissent en altitude, n’hésitant pas à atteindre 25m au-dessus de la cime des arbres pour aller y chercher quelque insecte volant. Elles sont en grande majorité sédentaires. Après la nidification, des mouvements peuvent intervenir mais sont toujours réalisés sur de courtes distances.

Des oiseaux (très) menacés

Bien que faisant partie de notre environnement immédiat (en tout cas une partie de l’année), les hirondelles sont des oiseaux particulièrement menacés. En 10 ans, on a noté une diminution de 40% chez les effectifs d’hirondelle rustique et 30% chez les hirondelles de fenêtre.

En causes: la diminution drastique des insectes, probablement du à l’usage massif de pesticides, la dégradation de leur habitat, la raréfaction de sites de nidification, la destruction des nids, les modifications dues au changement climatique…

Cette année, le retour de migration des hirondelles rustique et de fenêtre a été particulièrement tardif en Europe sans que l’on sache vraiment pourquoi. Déclin généralisé ? Episode climatique difficile en Espagne qui aurait causé de lourdes pertes? Il est encore trop tôt pour le dire. Une certitude toutefois : si rien n’est fait, les hirondelles, comme beaucoup d’oiseaux migrateurs insectivores, pourraient ne plus animer nos ciels d’été…

Comment aider les hirondelles ? Quelques conseils avec une courte vidéo de La Salamandre !

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn.

Sources et recommandations: