Une histoire d’Oiseaux: les Laridés

par | Jan 21, 2018 | Identifier | 0 commentaires

On se retrouve aujourd’hui pour un nouvel article du Bird-Blog et surtout un nouvel épisode de la série « Une histoire d’Oiseaux ». Nous nous intéresserons aujourd’hui à la famille des Laridés, qui comprend notamment les mouettes, les goélands et les sternes.

Un peu de classification

Je sais bien, personne n’aime mettre le nez dans les détails complexes de la classification mais c’est pourtant indispensable pour bien comprendre la place de telle ou telle espèce par rapport à une autre.

Les Laridés sont une famille d’oiseaux comprenant 101 espèces. Pour simplifier (car rien n’est simple en classification), on distingue trois sous-familles :

  • Les Larinae : les mouettes et les goélands
  • Les Sterninae : les sternes, guifettes, noddis et gygis
  • Les Rhynchopinae : les étonnants bec-en-ciseaux

Des études génétiques et phylogéniques ont séparé les manchots, guillemots et autres macareux de la famille des Laridés. Ils ont désormais leur propre famille : les Alcidés.

« Et une famille, c’est le plus important ! »

Où voir des Laridés ?

Avec ses 101 espèces, la famille des Laridés couvre la plus grande partie du monde. Europe, Asie, Afrique, Amérique…les Laridés sont présents partout ! Certains sont même présents en Antarctique, pourtant réputé pour être une terre particulièrement hostile. Ainsi, la Sterne arctique passe l’hiver au niveau des eaux bordant le continent. Elle retournera ensuite pour la saison de reproduction près de l’Arctique: elle passe donc la plus grande partie de l’année en migration, parcourant près de 71.000km par an !

Leur habitat de prédilection

Contrairement à l’idée que l’on se fait des Laridés, beaucoup ne sont pas exclusivement des oiseaux marins. Si la présence de l’eau leur est indispensable pour leur mode de vie, ils peuvent parfaitement vivre à l’intérieur des terres, comme c’est le cas pour la Mouette rieuse ou la Guifette moustac par exemple. On peut donc croiser des Laridés aussi bien sur les côtes que dans les marais, les lagunes, les prairies humides.

Beaucoup de Laridés sont des oiseaux pélagiques, c’est-à-dire présents en haute mer (et donc plus difficilement observables). Ainsi, la Mouette de Sabine et la Mouette tridactyle restent au large hors de la saison de reproduction. Pendant les tempêtes hivernales, la Mouette tridactyle est observable sur nos côtes sur lesquelles elle se fait déporter par les vents.

« Et se faire déporter par des rafales de vent, c’est pas rigolo, hein ! »

A table !

La famille des Laridés est grande, l’éventail des comportements alimentaires des oiseaux aussi ! Les mouettes et les goélands sont plutôt opportunistes. Ils consomment des poissons (morts ou vivants), des insectes, des amphibiens, des micromammifères, des vers de terre, des graines, des œufs et même des poussins d’autres oiseaux concernant les goélands. Ils n’hésitent pas non plus à fouiller poubelles et déchetteries. Les goélands sont plutôt maîtres dans l’art de la débrouillardise. Voire du vol…

Les sternes, et de manière générale les Sterninés, sont plus spécialisées que leurs cousins les Larinés. Elles vont se nourrir de petits poissons et d’insectes capturés au-dessus de l’eau grâce à un vol à basse altitude, à la manière d’une hirondelle. Les sternes sont d’ailleurs surnommées « les hirondelles de mer ».

Concernant les becs-en-ciseaux, nous verrons un peu plus loin que leur méthode d’alimentation est particulièrement originale.

Quelques exemples de Laridés

Détaillons maintenant quelques oiseaux de la grande famille des Laridés.

  • Le Goéland marin

Le goéland marin, un oiseau de la famille des Laridés, sujet de l'article "Une histoire d'Oiseaux" du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Facile à reconnaître, c’est le plus grand goéland d’Europe (jusqu’à 1.67m d’envergure)! Si l’adulte est plutôt « simple » à identifier, le goéland marin présente 4 classes d’âge c’est à dire 4 plumages successifs avant d’atteindre le plumage nuptial. Ces différentes classes d’âge rendent l’identification des espèces de goélands parfois très hasardeuse !

Il présente un comportement plus solitaire que les autres goélands. Bien qu’il n’ait aucun problème à être charognard, il a un comportement de prédateur marqué. Il se délecte ainsi de Macareux moine, de puffins et d’océanites. C’est également un adepte du kleptoparasitisme: il poursuit les oiseaux tenant une proie dans leur bec jusqu’à ce qu’elle la lâche et qu’il la récupère. 

  • La Mouette mélanocéphale

La mouette mélanocéphale, un oiseau de la famille des Laridés, sujet de l'article "Une histoire d'Oiseaux" du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Etant donné que nous nous étions déjà intéressés à la Mouette rieuse dans le premier épisode de notre série de l’été et à la Mouette des Brumes dans notre article sur les oiseaux rares, regardons de plus près une autre espèce : la Mouette mélanocéphale.

Elle se distingue de la mouette rieuse par un capuchon sombre qui descend sur la nuque en plumage nuptial. Ses rémiges primaires, les plumes de vol des ailes, sont blanches. Son œil est bordé de blanc. Comme le Goéland marin, elle présente plusieurs classes d’âge au niveau de son plumage. Elle mettra 3 ans à acquérir son plumage adulte.

Comme sa cousine rieuse, elle se nourrit de petits poissons, d’invertébrés, de petits rongeurs ainsi que de mollusques.

Elle niche en Europe, de la France jusqu’à la Mer Noire dont elle est originaire: elle n’est en effet nicheuse en France que depuis 1965. Chaque année, vers la fin août, des centaines de migrateurs arrivent d’Europe orientale sur les côtes françaises.

  • La sterne pierregarin

La sterne pierregarin, un oiseau de la famille des Laridés, sujet de l'article "Une histoire d'Oiseaux" du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

La sterne pierregarin, comme toutes les sternes, a de longues ailes qui contribuent à sa gracile silhouette. Son bec est long et fin, de couleur rouge terminé par une pointe noire. Leur tête est recouverte d’une calotte noire. 

Elle habite aussi bien les zones côtières qu’à l’intérieur des terres, dans des habitats très divers. On peut l’observer aussi bien en Europe qu’en Asie et en Amérique du Nord. Elle est nicheuse en France et hiverne en Afrique. Pendant la période de reproduction, la sterne peut se montrer agressive envers humains et autres espèces prédatrices comme les goélands (dont le goéland marin!).

En plus d’invertébrés aquatiques, elle se nourrit surtout de petits poissons, comme les éperlans et les lançons,  qu’elle capture grâce à un vol stationnaire de quelques secondes suivi d’un plongeon en piqué. 

  • La guifette moustac

La guifette moustac, un oiseau de la famille des Laridés, sujet de l'article "Une histoire d'Oiseaux" du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Les guifettes ont une allure assez similaire à celle des sternes. Il existe 4 espèces de guifettes, la Guifette moustac est la plus grande d’entre elles. En plumage nuptial, la calotte noire lui descend sur la nuque. Les joues sont blanches et contrastent avec le gris du reste du corps.

La Guifette moustac se reproduit sur les marais d’eau douce, les lacs, les lagunes et les estuaires. Elle va y construire une petite plate-forme flottante en végétation aquatique, herbes et joncs. La ponte aura lieu d’avril à juin et les petits quitteront le nid au bout de 2 semaines. Les principaux sites de reproduction en France sont la Dombes, la Brenne, le lac de Grand-Lieu, la Sologne, le Forez et la Brière.

Les guifettes se nourrissent de larves d’insectes aquatiques, de coléoptères, de têtards, de libellules et parfois quelques petits poissons. En plus de la moitié sud de l’Europe, on peut rencontrer la Guifette moustac dans de nombreuses parties du monde: Afrique, Australie, Chine, et de la Thaïlande à l’Ukraine !

  • Le bec-en-ciseaux noir

Le bec-en-ciseaux noir, un oiseau de la famille des Laridés, sujet de l'article "Une histoire d'Oiseaux" du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Le bec-en-ciseaux noir est un oiseau au comportement alimentaire étonnant. Le bec est de grande taille et, fait étonnant: la mandibule inférieure est plus grande que la mandibule supérieure ! L’oiseau vole à la surface de l’eau et y plonge la mandibule inférieure. Ainsi, il va pouvoir capturer de petits poissons et des crustacés. Les proies mesurent jusqu’à 12cm! A l’éclosion, le bec des oisillons présente des mandibules de longueur égale. Ce n’est qu’à leur départ du nid que l’écart de taille va se creuser.

Peu de chances de croiser un bec-en-ciseaux noir sur nos côtes, il est présent sur le continent américain ! Il y fréquente aussi bien les eaux douces, saumâtres ou salées. Il niche aussi bien en Amérique du Nord qu’en Amérique du Sud.

On y distingue trois sous-espèces de bec-en-ciseaux noir. Il existe dans le monde trois espèces de bec-en-ciseaux: le bec-en-ciseau noir, le bec-en-ciseaux d’Afrique et le bec-en-ciseaux à collier.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn.

Sources et recommandations :