Une histoire d’Oiseaux: les Martinets

par | Mar 31, 2019 | Identifier | 0 commentaires

Intéressons-nous dans ce nouveau numéro d’Une histoire d’Oiseaux à des oiseaux particulièrement épatants par bien des aspects: les Martinets.

Un peu de classification

Contrairement aux hirondelles, les Martinets n’appartiennent à l’Ordre des Passériformes, soit les passereaux. Si au premier coup d’œil, les martinets sont très proches des hirondelles (Lire l’article « Une histoire d’Oiseaux: les hirondelles« ), ils sont en réalité dans le même Ordre que…les colibris ! La famille des martinets, avec 113 espèces, et celle des colibris, avec 357 espèces, font ainsi partie de l’Ordre des Apodiformes (483 espèces en tout).

A l’intérieur de cet Ordre donc, les martinets sont membres de la famille des apodidés. On retrouve dans ce nom l’adjectif « apode » qui signifie « sans pied ». Cela fait référence au fait que les martinets présentent des pattes particulièrement courtes à la fonction limitée. Ainsi, un martinet qui se retrouve accidentellement au sol aura beaucoup de mal voire sera dans l’incapacité de décoller : ses pattes très courtes et ses longues ailes sont un handicap flagrant.

Parmi les 113 espèces d’oiseaux composant cette famille des apodidés : les martinets et les salanganes. Celles-ci partagent un grand nombre de caractéristiques communes avec les martinets, qu’elles soient anatomiques, physiologiques et comportementales. Ce sont tous des oiseaux « taillés » pour le vol et la vitesse!

Les apodidés sont présents sur tous les continents à l’exception de l’Antarctique.

Où voir des martinets ?

En matière d’habitats, on ne peut s’intéresser vraiment qu’à l’habitat de reproduction car ce n’est qu’à cette période qu’il se pose ! Pour abriter sa nichée, le martinet utilise pour des anfractuosités, qu’elles soient naturelles (falaises, roches, entrées de grottes…) ou « empruntées » à l’habitat humain. Les martinets se sont en effet adaptés aux modifications de leur habitat par une autre espèce : Homo sapiens sapiens ! Ils nichent donc dans les anfractuosités de murs, dans les villes et les villages, sous les toits, des bâtiments industriels, des cheminées, des ponts, des vieux édifices…

Les martinets utilisent généralement des matériaux légers (plumes, brins d’herbes, paille…) qu’ils consolident avec leur salive pour construire un nid. 

Aparté : peut-être avez-vous déjà entendu parler du « nid d’hirondelle », mets très recherché par les gastronomes en Asie? En réalité, il ne s’agit pas de nid d’hirondelles mais de salanganes, les cousins des martinets. Plusieurs espèces de salanganes sont concernées mais c’est le nid de la Salangane à nid blanc, entièrement comestible, qui est le plus recherché. La récolte des nids s’est longtemps faite dans les habitats naturels des salanganes, dans des conditions périlleuses. Mais comme le montre ce court reportage, la modernisation est passée par là !


En dehors de la période de reproduction, les martinets passent leur temps en vol et ne sont donc pas exigeants pour leur habitat. Il suffit que le lieu qu’ils survolent fournisse un peu d’eau et de nourriture pour qu’il soit considéré comme convenable.

A table !

Les martinets ont un tout petit bec mais son ouverture est très large. Il s’agit d’une adaptation à la capture de minuscules insectes volants, faisant partie de ce qu’on appelle le plancton aérien. Ces larges groupes d’animaux volants dérivent dans les masses d’air. Ils peuvent être plus ou moins denses en fonction de différents paramètres comme l’heure de la journée ou les conditions météorologiques. Dans ce plancton, on compte notamment des pucerons, des moustiques, des chironomes, des araignées…

Les martinets consomment également des coléoptères et des hyménoptères. Etant donné que la taille moyenne des proies est petite, les martinets doivent passer beaucoup de temps à chasser pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de leur nichée. En dehors de la période de reproduction, les martinets vont se déplacer notamment en fonction de la présence du plancton aérien. Pour s’hydrater, les martinets se contentent de l’hémolymphe de leurs proies à l’exception des temps caniculaires où ils peuvent effleurer du bec la surface d’un plan d’eau.

Quelques exemples de martinets

Comme nous l’avons vu, il existe plus d’une centaine d’espèces de martinets chez les apodidés : nous allons ici nous concentrer sur les trois espèces qui nichent en France.

  • Le Martinet noir

le martinet noir, sujet du dernier article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Le plus connu de nos régions ! On le repère assez aisément dans les airs grâce à son agilité et sa vitesse que peu d’autres oiseaux atteignent. Les longues ailes en faux sont parfaites pour ce professionnel du vol. La queue est effilée mais beaucoup moins que chez les hirondelles. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel : mâle et femelle ne présentent pas de différence de plumage. Le Martinet noir est également identifiable grâce à son cri strident, un sifflement en trille qu’il lance lors des poursuites aériennes qu’il affectionne.

Spécialiste du vol, le Martinet noir est tellement à l’aise dans le ciel qu’il peut facilement atteindre une vitesse de croisière de 60km/h et plus de 100km/h en vitesse de pointe. Véritable « formule un des airs », il est également capable de freinages acrobatiques, notamment lorsqu’il entre dans son nid.

Le Martinet noir est observable en France lors de sa période de nidification. Il arrive entre le début du mois d’avril et le mois de mai dans nos contrées et repart à la fin de l’été. C’est un migrateur longue distance: ses aires de reproduction et d’hivernage sont très éloignées. Le Martinet noir passe ainsi près de 10 mois de l’année en vol!

Comme tous les animaux, les martinets ont besoin de sommeil (Lire l’article « Le sommeil chez les oiseaux« ). Mais ils ne se posent pas pour autant ! On peut facilement observer leur technique les soirs d’été: au fur et à mesure que la lumière du jour décline, les groupes de martinets montent en altitude jusqu’à quasiment disparaître de notre vue. On sait aujourd’hui que les martinets restent dans ces hautes altitudes toute la nuit et redescendent le matin. Ils profitent d’être en altitude pour « dormir » sur de très courtes périodes en planant dans les courants d’air.

  • Le Martinet pâle

le martinet pâle, sujet du dernier article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

De manière générale, les différentes espèces de martinets présentent un corps de couleur sombre, plus rarement bicolore : il est donc difficile de différencier certaines espèces, d’autant que, comme nous l’avons vu, les martinets se posent très peu. Ainsi, distinguer martinet noir et martinet pâle en vol n’est vraiment pas simple tant ils se ressemblent !

Les deux principaux critères de distinction sont les suivants :

  • Le Martinet pâle présente un plumage qui apparaît plus marron que le Martinet noir, le corps semble plus trapu.
  • La grande tâche blanche au niveau de la gorge du Martinet pâle est souvent bien visible, plus marquée que chez le Martinet noir.

En France, limite septentrionale de son aire de répartition, on rencontre le Martinet pâle le long des côtes rocheuses méditerranéennes : Var, Bouches-du-Rhône, Hérault, Pyrénées orientales et Corse. A l’intérieur des terres, il est beaucoup plus rare même si on connait quelques sites de reproduction en milieu urbain dans le Sud-Ouest.

  • Le Martinet alpin

Il est bien plus facile de faire la distinction « Martinet noir-martinet alpin » ! Le Martinet alpin porte en effet un autre nom : le Martinet à ventre blanc.

le martinet à ventre blanc, sujet du dernier article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

Plus simple, non ? A noter également comme critère d’identification : sa grande taille. Il est environ une fois et demi plus grand qu’un Martinet noir !

Comme son compatriote le Martinet pâle, le Martinet à ventre blanc s’observe dans le sud de la France: Pyrénées, pourtour méditerranéen, Alpes, Corse, Massif central.

Le Martinet à ventre blanc est un adepte des zones escarpées de montagne et des falaises. Pour nicher, il préfère ces anfractuosités naturelles plutôt que de s’adapter aux édifices urbains.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagramPinterest et LinkedIn

Sources et recommandations: