Une histoire d’Oiseaux : Puffin, fulmar & pétrel

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Dans ce nouveau numéro d’Une histoire d’Oiseaux, intéressons-nous à plusieurs espèces d’oiseaux marins méconnues bien que menacées, les puffins, fulmars et pétrels, qui constituent la famille des Procellariidés.

Un peu de classification

La famille des Procellariidés (famille au nom bien compliqué !), regroupe une centaine d’espèces d’oiseaux marins, organisées en 16 genres, allant du petit (500g pour le Puffin des Anglais) à plus grand (jusqu’à 5kg pour le Pétrel géant).

On retrouve chez les membres de cette famille plusieurs traits communs :

– des narines tubulaires externes dont le rôle est essentiel pour l’excrétion du sel, très présent dans leur régime alimentaire,

– des ailes longues et étroites, qui leur permettent d’être particulièrement agiles en haute mer et de parcourir de longues distances en exploitant les mouvements d’air créés par les vagues.

– des pattes palmées placées en arrière du corps, leur permettant de nager et de plonger, notamment en phase de recherche de nourriture.

Les populations de Procellariidés présents en France ont subi de fortes régressions et font partie des espèces d’oiseaux les plus menacés de nos latitudes. Arrivée de prédateurs introduits sur les îlots de reproduction, destruction des habitats disponibles et diminution des ressources alimentaires sont autant de menaces qui fragilisent les effectifs de ces oiseaux dont certains, comme nous allons le voir plus loin, font l’objet de programmes de conservation spécifiques.

Où voir des Procellariidés ?

Ces oiseaux sont pélagiques, c’est-à-dire qu’ils passent la majorité de leur cycle de vie en haute mer. Ils reviennent sur la terre ferme au moment de la nidification. Ils nichent généralement en colonies et établissent leurs nids dans un terrier, dans des crevasses, des promontoires et des corniches rocheuses.

Afin d’échapper aux prédateurs potentiels, ils rejoignent leur terrier pendant la nuit et quittent la colonie un peu avant l’aube.

La vidéo ci-dessous montre grâce à un piège photo l’intérieur du terrier d’un Pétrel des Bermudes :

A table !

De part leur milieu de vie, les membres de la famille des Procellariidés se nourrissent de poissons (hareng, sprat, anchois…), céphalopodes et de crustacés divers. Grâce à leur capacité de vol au ras de l’eau, qu’ils touchent parfois de leurs pattes, les Procellariidés peuvent capturer leurs proies à la surface de l’eau.

Les plus petites espèces consomment également du plancton et des déchets de poisson quand les plus grandes comme le Pétrel géant peut se nourrir à l’occasion de cadavres de phoque et de manchot.

« Marche sur l’eau » caractéristique d’un Puffin

En période d’élevage des jeunes, les adultes peuvent voler chaque jour sur des centaines de kilomètres entre les colonies et les zones de pêche.

Quelques Procellariidés en France

  • Puffin de Scopoli

Avec son envergure de plus d’un mètre, le Puffin de Scopoli (Calonectris diomedea) est le plus grand représentant des puffins européens. Il se distingue par un plumage gris foncé sur le dessus et blanc dessous. Sa tête est d’un gris cendrée et son bec fort s’en distingue par sa couleur jaune et une extrémité sombre (les narines tubulaires sont bien visibles sur la photo ci-dessus).

Il y a encore peut de temps, on distinguait deux sous-espèces de Puffin de Scopoli :

Calonectris diomedea diomedea

Calonectris diomedea borealis

Grâce aux avancées scientifiques, ces deux sous-espèces ont été élevées au rang d’espèces : Calonectris diomedea diomedea ou Puffin de Scopoli a été reconnu comme une espèce à part entière par le Comité Ornithologique International en 2013. Il se reproduit en mer Méditerranée. Il peut être observé mars-avril non loin des côtes, à proximité de leurs sites de nidification.

Calonectris diomedea borealis ou Puffin cendré (ou boréal) niche dans différents archipels de l’Atlantique Nord, au niveau des îles de Madère, des Canaries et des Açores. Il est possible de l’observer le long de la façade Atlantique.

  • Puffin des Anglais

Le Puffin des Anglais est un peu plus petit que le Puffin de Scopoli. Sa silhouette est bicolore (noir dessus et blanc dessous) et son bec noir et fin est terminé par un crochet. Lorsqu’on l’observe en mer, son vol plus rapide est un critère de différenciation avec le Puffin de Scopoli. Comme la majorité des espèces de sa famille, les pattes du Puffin des Anglais sont situées très en arrière de son corps, particularité anatomique qui lui permet d’être un excellent nageur mais qui le rend peu mobile sur la terre ferme.

Le Puffin des Anglais est présent en Atlantique nord, il est donc possible de l’observer sur tout le littoral atlantique, de mars à octobre. En hiver, il sera surtout présent en haute mer.

Espèce nicheuse rare en France, on retrouve des colonies uniquement sur deux sites : aux Sept-Iles (Côtes d’Armor) et à Molène (Finistère). Cette concentration à deux endroits seulement rend l’espèce vulnérable aux menaces telles que l’introduction de prédateurs (rats) ou la survenue d’une catastrophe type marée noire.

Le Puffin des Anglais est une espèce qui détient un record étonnant, on vous laisse le découvrir en cliquant sur la vignette ci-dessous :

Oiseau de tous les records, nouvel article du Bird-Blog d'Une histoire de plumes

  • Puffin des Baléares

Nicheur endémique en fort déclin dans l’archipel espagnol du même nom, le Puffin des Baléares est anatomiquement très semblable au Puffin des Anglais. Sa coloration est néanmoins plus brune et sombre de ses parties inférieures.

En dehors de la période de reproduction, l’espèce est visible sur le littoral Atlantique et notamment dans le Golfe de Gascogne. Elle remonte jusque dans la Manche à l’automne.

L’effectif mondial de l’espèce est en déclin : considéré comme l’oiseau marin le plus menacé d’Europe, son statut de conservation est jugé en « danger critique d’extinction » en Europe depuis 2004 et l’espèce est protégée en France.

Pour répondre à ce déclin continu des populations, la SEO/BirdLife a coordonné le premier plan international d’actions en faveur du Puffin des Baléares dès 2011. En raison du statut de l’espèce et de sa responsabilité pour sa conservation en période internuptiale, la France se dote d’un Plan National d’Actions en 2020. Il a pour objectifs « la réduction des pressions qui s’exercent sur l’espèce, telles que les interactions avec les activités de pêche et avec les activités nautiques sportives et de loisirs, ou encore les interactions potentielles avec les futurs parcs éoliens en mer, afin d’améliorer son état de conservation. »

  • Pétrel de Bulwer

Dans la famille des Procellarridés, le Pétrel de Bulwer est le seul représentant des pétrels à pouvoir être observé, de façon très occasionnelle, dans notre zone géographique. En effet, quelques individus erratiques peuvent remonter jusqu’en Espagne, en Grande-Bretagne et en Irlande après la saison de reproduction, lorsqu’ils se dispersent en haute mer où ils resteront jusqu’à la prochaine nidification.

Comme tous les pétrels, le Pétrel de Bulwer vole à une faible hauteur au-dessus de la mer, en rasant les vagues, profitant du moindre courant d’air au ras de l’eau.

  • Fulmar boréal

Voici un Procellaridé à l’allure bien différente des espèces vues précédemment ! Le Fulmar boréal ressemble en effet à un petit Goéland argenté. Les narines tubulaires surmontant son bec crochu jaune et gris sont bien visibles.

Comme pour les autres espèces de sa famille, le Fulmar boréal adopte un comportement pélagique en dehors de la saison de reproduction. Il ne se rend à terre uniquement pour élever un petit (la ponte unique est une caractéristique commune chez les espèces de Procellariidés) au sein d’une colonie.

Le Fulmar boréal est un nicheur rare en France, nos latitudes représentant la limite sud de son aire de répartition, et est à ce titre présent sur la Liste rouge des espèces menacées en France.

Comme bon nombre d’espèces d’oiseaux marins impactées par la pollution aux déchets plastiques, qu’ils confondent avec leurs proies, le Fulmar fait partie des espèces concernées par le programme LIFE SeabiL visant à évaluer et réduire l’impact de la pollution plastique sur les oiseaux marins sur 5 sites pilotes dans 3 pays.

Et c’est tout pour aujourd’hui ! Vous avez des questions ? Une petite envie de papoter d’oiseaux ? Une idée de sujet, d’une thématique que vous souhaiteriez que j’aborde dans un article ? Retrouvez-moi sur FacebookTwitterInstagram et LinkedIn

Sources et recommandations :

Une histoire de plumes

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