Une histoire d’Oiseaux: Les pics

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Aujourd’hui, dans un nouveau numéro d’Une histoire d’Oiseaux, nous nous intéressons à des oiseaux que l’on entend souvent plus que l’on ne voit : les pics ! C’est parti ?

« Vous entendez ça, les enfants ? On est à l’honneur ! »

Un peu de classification

Les pics font partie de l’Ordre des Piciformes, ordre composé de 9 familles. Parmi elles, les Picidés, famille d’oiseaux dont la plupart ont des caractéristiques communes leur permettant de s’adapter à une vie arboricole. Elle est constituée de 30 genres et de 234 espèces. La taille des espèces de la famille des Picidés est très variable : elle va de 7.5cm à 60cm ! 

Leurs courtes pattes robustes présentent quatre longs doigts, deux sont tournés vers l’avant et deux vers l’arrière : on dit qu’ils sont zygodactyles. Les griffes sont puissantes, leur permettant de s’accrocher aisément aux troncs. Caractéristique étonnante: leur queue est constituée de plumes, les rectrices, particulièrement rigides et pointues. Elle peut ainsi faire office de point d’appui fort utile lorsqu’ils sont en station verticale le long d’un tronc. Le bec des pics est droit et tranchant à son extrémité. Ils peuvent ainsi creuser le bois, que ce soit pour chercher de la nourriture ou pour creuser leur loge de nidification.

Ce bec leur sert également à tambouriner, moyen de communication couramment utilisé chez les pics. On peut légitimement se demander comment la tête de ces oiseaux résiste à ces chocs répétés sans cesse ! Que ce soit grâce aux muscles du cou, aux os du crâne, au bec et à la mâchoire : tout est agencé pour mettre le pic à l’abri de vibrations dommageables pour son cerveau. La zone charnière entre la mandibule supérieure et le crâne va, lors d’un choc, subir la tension comme un ressort à lame. Un muscle adapté va amortir cette tension. Les os du crâne des pics sont également plus fins que la moyenne des autres oiseaux et il y a moins d’épaisseur de fluide entre le cerveau et le crâne. Le cerveau a donc moins de possibilités de mouvements. Pour reprendre une analogie pertinente lue dans un article, le cerveau des pics est le jaune d’un œuf dur lorsque le cerveau des autres oiseaux est le jaune d’un œuf cru. Lorsqu’on les secoue, l’un bouge et l’autre pas !

Où voir des Pics ?

Les représentants de la famille des Picidés sont presque cosmopolites. On peut les retrouver dans pratiquement tous les habitats à l’exception de Madagascar, la Nouvelle-Zélande, l’Australie et les pôles. Ils peuvent vivre aussi bien en forêts, dans des zones boisées ou des éclaircies de forêts de feuillus, dans des parcs, des clairières et même des jardins ! En France, on peut observer 8 espèces de Picidés, 7 pics et un torcol. 

A table !

Les pics sont des insectivores, ils consomment des insectes, des larves, d’invertébrés et des chenilles. Ils peuvent également se délecter de fruits, de noix, de baies, de graines de conifères et de sève. Les pics ont une technique très particulière dans le monde des oiseaux pour dénicher les larves xylophages cachées sous les écorces des arbres. Leur langue tactile est très longue et collante, ils peuvent ainsi la déployer dans les galeries du bois qu’ils viennent de creuser. Ils peuvent ainsi en extirper les insectes et les larves qui s’y trouvent. Cette langue est si longue qu’elle s’enroule à l’arrière du crâne de l’oiseau ! (illustration ci-dessous avec un Grand Pic)

Quelques exemples de Picidés

  • Le Pic vert

Très certainement le pic que vous voyez le plus souvent ! Il faut dire qu’avec sa calotte rouge, , sa fine moustache rouge entourée de noir, son dos vert et son croupion jaune, il ne passe pas franchement inaperçu. Son vol ondulant est caractéristique. On peut entendre dès le mois de janvier son « éclat de rire », sorte de « kiakiakiakiak » qui lui permet notamment de faire fuir les éventuels congénères qui souhaiteraient s’installer sur son territoire. En effet, les pics sont bien souvent de grands solitaires hors période de reproduction, le Pic vert n’échappe donc pas à la règle. S’il est arboricole, le Pic vert préfère chercher sa nourriture au sol. Son régime alimentaire peut être constitué à 99% de fourmis, qu’il va chercher dans leurs galeries grâce à sa longue langue collante : on dit qu’il est myrmécophage. Elle peut jaillir hors du bec d’une dizaine de centimètres alors que l’oiseau en mesure trente ! Comme les autres pics, le Pic vert est cavernicole et utilise son bec puissant pour creuser le bois et construire sa loge de nidification. Vous entendez tambouriner dans la forêt ? Vous pouvez être sûr que ce n’est pas le Pic vert ! En effet, ce pic n’utilise pas du tout cette manifestation sonore auquel il préfère un chant territorial.

  • Le Pic noir

Le plus grand des pics européens : il peut atteindre 51 cm ! Son plumage est entièrement noire à l’exception d’une calotte rouge vif, plus étendue chez le mâle que chez la femelle. Son tambourinage est très puissant et sonore, le plus long de tous les pics, avec une cadence de 20 coups par seconde. Le Pic noir est un spécialiste des forêts (grandes forêts de feuillus ou mixtes, bois de toutes tailles, taïgas…), qu’elles soient en plaines ou en altitude. Il n’est en revanche pas difficile concernant les essences. Comme le Pic vert, il se nourrit principalement de fourmis et d’insectes xylophages, on l’observe donc régulièrement au sol.

  • Le Pic épeiche

Le Pic épeiche est le plus commun des pics dits « bigarrés » et la plus répandue en Europe. Son plumage noir, blanc et rouge attire l’oeil instantanément lorsqu’il se rapproche des mangeoires de nos jardins en hiver ! Sur la photo plus haut, la femelle est à gauche et le mâle à droite. C’est un arboricole exclusif, il exploite les arbres tout au long de son cycle de vie. On peut le retrouver dans n’importe quel habitat, de la moyenne montagne au littoral en passant par la ville, du moment qu’il y trouve des arbres ! Il est absolument asocial et vindicatif : il ne tolère jamais la présence d’un congénère sur son territoire. Si un autre Pic épeiche s’avise de traverser son territoire, il le pourchasse violemment. Il tolère un partenaire uniquement en saison de reproduction.

  • Le Torcol fourmilier

Même s’il fait bien partie de la famille des Picidés, l’apparence du Torcol fourmilier est proche de celles des passereaux. Contrairement aux membres de sa famille, il ne creuse pas le bois et n’escalade pas les arbres à la manière des pics. Les plumes de sa queue sont d’ailleurs bien plus souples que celles des autres pics arboricoles. Autre particularité : mâle et femelle chantent, le mâle ayant un chant plus aigu et plus perçant que celui de la femelle. Il tient son nom de son comportement étonnant, lorsqu’il est inquiet : il tord le cou et tourne la tête dans tous les sens !


  • Le Pic glandivore

Et on termine cette présentation de Picidés par une espèce vraiment étonnante. Le Pic glandivore, espèce d’Amérique du Nord, se fabrique un garde-manger en creusant dans un tronc autant de loges que de glands qu’il souhaite y entreposer. Autrement dit : un gland récolté, une loge ! Plusieurs pics glandivores peuvent mettre en commun leurs provisions, le stock collectif peut alors atteindre jusqu’à…50 000 glands!

Et si je choisis de vous parler de cette espèce en particulier, c’est parce qu’une vidéo assez étonnante a circulé sur les réseaux sociaux. Le contexte : en Californie, une antenne présentait des problèmes de fonctionnement. Lorsque les techniciens ont commencé à l’ouvrir, surprise : 160 kilos de glands à l’intérieur de l’antenne ! L’explication : un Pic glandivore avait choisi de cacher ses provisions à l’intérieur. Après que les glands ont été retirés, le signal a été rétabli immédiatement.

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Sources et recommandations :

Une histoire de plumes

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