Une histoire d’Oiseaux: Rougegorge & Cie

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Aujourd’hui, dans un nouveau numéro d’Une histoire d’Oiseaux, nous nous intéressons à une famille d’oiseaux, au nom un peu barbare, dont certains membres nous sont très familiers : les Muscicapidés, la famille du Rougegorge.

Un peu de classification

Les Muscicapidés sont une famille de passereaux, répartis sur l’Europe, l’Asie et l’Afrique en 56 genres et 335 espèces. Ce sont donc des oiseaux de ce que l’on appelle « l’Ancien Monde », par opposition au « Nouveau Monde », désignant Amériques et Océanie.

Parmi les oiseaux les plus connus de la famille des Muscicapidés :

  • Le Rougegorge familier, du genre Erithacus 
  • Le Rossignol philomèle et la Gorgebleue à miroir, du genre Luscinia 
  • Les Rougequeues, dont le Rougequeue noir, du genre Phoenicurus 

Beaucoup de petits passereaux présents toute l’année dans nos jardins font donc partie de cette grande famille dont peu pourtant connaissent le nom ! Certains d’entre eux, comme le Rougegorge et le Rossignol, faisaient autrefois partie de la famille des Turdidés, famille des merles et des grives. Des recherches récentes, sur la génétique et le comportement de ces espèces, ont engendré de profonds remaniements dans cette classification.

Les membres de la famille des Muscicapidés sont des oiseaux de taille petite à moyenne, allant de 10 à 20cm de long. Ce sont des oiseaux migrateurs qui, pour satisfaire leur appétit, parcourent de grandes distances pour suivre les cycles de vie de leurs proies potentielles.

Où voir des Muscicapidés ?

Pour la grande majorité, les oiseaux appartenant à la famille des Muscicapidés apprécient les arbres et les buissons dans leur habitat. Que ce soit sur leur zone de reproduction ou leur aire d’hivernage, ils ont besoin de zones boisées et buissonneuses. Ces espèces peuvent se retrouver aussi bien dans des étendues sèches, si des buissons sont présents, que dans tout type de forêt (forêt primaire, mangrove, plantations). Les Muscicapidés utilisent toute cette végétation à leur disposition comme perchoirs pour chasser. 

A table !

Les Muscicapidés sont des oiseaux insectivores, comme en témoigne leur petit bec long et fin. Ils chassent leurs proies au sol et en vol. Ils peuvent passer de longs moments immobiles attendant le passage d’une proie. Les espèces fréquentant les buissons effectuent de courtes sorties rapides, le temps de capturer un insecte. Ils peuvent également se nourrir dans la végétation.

Quelques exemples de Muscicapidés

  • Le Rougegorge familier

Une histoire d'oiseaux, le rougegorge et ses cousins, un nouvel article du birdblog d'Une histoire de plumes

 

Très certainement le membre le plus connu de cette famille car le plus présent dans notre environnement quotidien ! Petit oiseau rondouillard, paré d’une grande zone orange sur tout le devant du corps, le Rougegorge familier est un visiteur régulier de nos jardins, bien qu’il soit avant tout un oiseau des forêts. Il présente un comportement différent de bien des oiseaux des jardins : il est solitaire et très territorial. C’est un belliqueux qui n’a pas peur d’affronter un rival ! Il use d’ailleurs de ce plumage orangé, bien mis en avant par sa posture, comme d’un avertisseur.

En revanche, il peut se montrer plutôt confiant et approcher facilement un humain, en train de jardiner, par exemple. Il a en effet vite compris qu’il peut se délecter de quelque vers ou insecte dérangé par un bêchage intensif !

Même en migration, le Rougegorge reste un solitaire. Comme de nombreux passereaux, il migre de nuit. Il peut éventuellement côtoyer des congénères arrivés en même temps que lui sur un site de halte mais ils ne forment jamais de réels groupes avec une organisation sociale.

Si cet oiseau ne nous pas apparaît de prime abord menacé, tant il semble proche de l’humain, l’espèce est pourtant l’objet d’un braconnage important au sud de la Méditerranée, où elle est capturée au filet ou à la glu.

  • Le Rossignol philomèle

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Si beaucoup connaissent son chant, peu savent à quoi ressemble le Rossignol ! Il s’agit d’un oiseau fin, au plumage brun et à la queue d’un roux chaud. 

On dit de lui qu’il annonce le printemps : c’est en effet lorsqu’il revient sur ses zones de reproduction au printemps qu’il se met à lancer ses trilles mélodieux pour attirer l’attention des femelles. Son chant est l’un des plus complexes et des plus mélodieux de notre avifaune. De plus, il est l’un des rares passereaux à chanter de jour comme de nuit. Toutefois, lorsque le mâle aura trouvé sa partenaire, il cessera ces chants nocturnes.

Le Rossignol aime les bois et les bosquets, avec une préférence nette pour les zones marquées par la présence d’eau. Il peut également s’installer dans les parcs et les jardins.

  • Le Gobemouche gris

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Voilà ce que l’on peut appeler un passereau « passe-partout » ! Le plumage du Gobemouche gris le rend particulièrement discret. Oiseau forestier, que ce soit dans des forêts de feuillus ou de conifères, son chant n’est pas non plus des plus remarquables : il est même parfois difficile de le distinguer dans le concert général du printemps.

Le Gobemouche gris se repère lorsqu’il est en chasse, dressé sur son perchoir. C’est un excellent chasseur en vol. Son régime alimentaire est d’ailleurs composé de bon nombre d’insectes volants: diptères, hyménoptères, papillons, odonates…Ce migrateur peut également profiter de petits fruits lorsqu’il est en halte.

  • La Gorgebleue à miroir

Difficile de ne pas reconnaître la Gorgebleue à miroir lorsqu’on l’aperçoit ! Sa large bavette bleue, ponctuée en son centre par une zone blanche (selon la sous-espèce) la rend très aisément identifiable.

Comme bien des membres de sa famille, cet insectivore est migrateur. Elle revient en France pour se reproduire entre la mi-mars et la mi-avril. Les mâles sont alors plus facilement observables car ils se postent sur des perchoirs pour faire entendre leur chant à leur partenaire éventuelle.

La Gorgebleue à miroir aime s’installer à proximité de zones humides: milieux marécageux, bras morts, marais littoraux ponctués de buissons…Cet attachement aux zones humides rend cette espèce vulnérable car elle est de plus en plus menacée par les modifications et la disparition progressive de son habitat de prédilection.

  • Le Traquet motteux

 

Ce passereau fin et élégant est plus grand que son cousin le Rougegorge. Signe distinctif pour le reconnaître, visible notamment lorsqu’il décolle : chez les deux sexes, la queue et le croupion sont blancs, avec une sorte de tâche noire en forme de T inversé au bout de la queue.

Le dimorphisme sexuel est bien présent chez cette espèce, le mâle arborant en période de reproduction un plumage bien plus contrasté que la femelle (ailes noires et dos gris, ainsi qu’un masque noir sur les yeux).

L’info bonus : Il existe quatre sous-espèces de traquets motteux dont la sous-espèce oenanthe que l’on rencontre de l’Europe à l’Alaska, à travers toute la Sibérie, et la sous-espèce leucorrhoa qui niche en Islande, au Groenland et dans l’Est du Canada. 

On sait aujourd’hui grâce aux suivis scientifiques que le Traquet motteux est un migrateur hors-pair. Les traquets motteux de la sous-espèce oenanthe, rejoignent l’Afrique Equatoriale en septembre et octobre. Ils ne reviendront qu’à partir de la fin du mois de mars suivant. Au total, pour les traquets nichant en Alaska et hivernant en Afrique de l’Est: un voyage de 28.000km aller-retour dans l’année !

Fait étonnant : les traquets motteux leucorrhoa, nichant notamment dans l’Est du Canada, hivernent en Afrique de l’Ouest. Les oenanthe de l’Alaska et les leurorrhoa canadiens ne sont qu’à quelques centaines de kilomètres de distances. Que se passera-t-il si les deux fronts de colonisation se rejoignent ? Est-ce que les deux sous-espèces s’hybrideront et si oui, quel chemin de migration emprunteront-elles ? Actuellement, chacune emprunte un chemin opposé à l’autre. En cas d’hybridation, les oiseaux fileront-ils droit vers le sud, sur leur continent ?

Une petite partie de la réponse semble avoir été apporté en 2006 quand une partie des traquets canadiens ont tenté d’hiverner sur leur continent. En effet, trente et un traquet furent observés entre août et novembre aux Etats-Unis, où l’espèce est rarissime. Un oiseau a même atteint la Guyane française: une première observation sud-américaine !

Opter pour cette option représenterait pour les oenanthe de l’Alaska et les leurorrhoa canadiens un gain de temps et d’énergie considérable dans leur cycle de vie. Il ne reste plus qu’à attendre et à observer !

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Sources et recommandations :

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